Le scarabée domestique

Je me réveille dans une chambre d’hôtel d’un pays étranger. En vacances. En famille. Je partage la chambre avec mon frère, qui a déjà a rejoint le buffet du petit-déjeuner. Pour ma part, je préfère profiter d’un bon bain dans la une baignoire en forme de coquille Saint-Jacques. En sortant, je trouve près du mini-bar un assortiement de housses de protections pour PSP. Chaque jour le personnel de l’hôtel propose un nouvel assortiment. Aujourdh’ui, certaines ont le prix indiqué dessus, d’autres sont assorties d’un autocollant sur lequel est écrit à la main « free – gratis ». Tiens, pourquoi pas, mais il faudrait que je vérifie auprès de la réception de leur véritable gratuité. Après avoir enfilé un short et m’être aperçu que je n’ai plus de t-shirt à mettre, je rejoins ma faille dans le hall ensoleillé. Et sans le moindre étonnement, je m’écrie en découvrant mes deux frangins fixant un point blanc sur le sol :

– Il a éclos ! C’est super !

Notre scarabée domestique vient de naître. Attaché au bout d’une laisse ‘maison’ en ficelle, il est encore pâle. Ce n’est qu’un nouveau né.

J’en profite pour faire part mon besoin assez imminent de t-shirt, et nous décidons de partir tous els cinq dans la rue qui surplombe l’hôtel, trouver de quoi me vêtir le torse mais aussi promener notre nouveau compagnon.


C’est moi qui tiens la ficelle. Comme il est encore jeune, il n’exprime pas de forte résistance, et je me surprends même à marcher plus vite que lui. « Mince, me dis-je, si je marche trop vite je risque de lui casser les pattes » et décide donc de réduire l’allure. Malheureusement, le jeune animal trébuche quelques mètres plus loin.

– Que se passe-t-il, s’enquit mon frère.

– Je ne sais pas, on dirait qu’il s’est coincé la tête dans un truc métallique.

Et voilà que notre jeune scarabée blanc grossit et devient une statue de métal, brillant et immobile, tout en se décomposant en plusieurs morceaux : pattes, corps, tête, cornes… Je ramasse le tout et m’installe sur un banc, dans l’espoir de le remonter, tel un Lego. Car si je ne parviens pas à réimbriquer toutes les pièces à temps, le pauvre insecte risque de rester ainsi à jamais… Et pendant ce temps, les autres vont dan la boutique de t-shirt, m’en choisir un qui demain ne pourra pas être réutilisé.

Le mur d’eau

La nuit vient de tomber. Je suis un espion à la solde d’un riche gouvernement, chargé d’une mission de quasi-routine : enlever une personne en territoire ennemi. Pourquoi ? je ne sais pas. J’arrive tranquillement par la mer sur la plage d’une ville futuriste, bordée d’immeubles bas au design très aéré. Au loin s’élève une vielle forteresse moyenâgeuse, d’où s’élève vers le ciel sombre une tour de pierre.

Il ne me faut que quelques instants pour repérer ma cible : une jeune femme qui dort dans une maisonnette sans portes, tout juste un toit suspendu par un grand mur, faisant face à la mer. En réalité je suis venu la sauver : elle réside dans ce pays mais ne peu fuir, sous peine d’arrestation. Je la réveille doucement et découvre son visage : je le connais très bien dans la vie terrestre, mais le découvre dans ce rêve. Au début elle est effrayée, je suis complètement vêtu de noir, je parle peu, je lui dit juste que je suis venu la chercher et qu’il faut partir au plus vite. Après avoir constaté que les lieux sont toujours déserts, je l’attrape par la main et l’entraîne derrière le mur de son abri, en direction de la mer. Stupéfaction. Un mur immense, illuminé par le reflet de la lune, se dresse devant nous. Un mur d’eau de plusieurs dizaines de mètres, perdu dans l’horizon, qui semble immobile. Je reste figé quelques instants, hébété, à fixer cette masse noire. Quand je comprends, soudain, qu’un immense raz-de-marée fonce vers nous. Au vu de sa hauteur à une telle distance, j’imagine avec horreur sa taille en atteignant la côte.

On file vers la ville, ne pouvant rejoindre le canot et fuir par la mer. Aucun véhicule, et ces habitations qui semblent toujours aussi désespérément vides. Instinctivement, on cherche à atteindre un endroit en hauteur : le château. Bâti sur une colline, creusé à même la roche par endroits, on grimpe dans la tour jusqu’à une terrasse à l’opposé de la mer. Ainsi, un épais mur nous protège de l’océan. Elle croit que ça tiendra, mais je n’en suis pas si sûr. Je la cale bien contre la pierre taillée, tandis qu’un grondement sourd commence à faire vibrer le sol. Je contourne le mur pour contourner la tour et faire face à l’océan : le mur noir est à quelques mètres de la plage, sa hauteur est démesurée…