Zombie, Angleterre, campement

Nous sommes en vacances avec Juliette. Sur la côte normande. On fait une sorte de tour sur plusieurs semaines, et là on doit prendre l’avion pour notre prochaine destination. Dans le petit aéroport, tandis que nous attendons l’embarquement, petit check-in Foursquare. Mais pas le temps de lancer Twitter : la panique commence à saisir quelques personnes éparses qui pianotaient sur leur mobile. L’un d’eux crie « Allumez la télé ! tout de suite ! » On se regroupe donc près du poste dans un des cafés de la grande salle, on met une chaîne d’info : et la présentatrice annonce, toute tremblante, qu’une épidémie inconnue se répand sur la surface du globe à grande vitesse. On parle de zombification.

Pas le temps d’en apprendre davantage, notre vol est appelé pour l’embarquement. Nous sommes relativement incrédules. Pendant que nous grimpons dans l’appareil avec un personnel de vol vraisemblablement pas au courant, je vérifie ma timeline Twitter. Effectivement, ça tweete dans tous les sens, vers des photos de zombies, des dépêches, mais rien de très précis. Impossible de savoir où ça se passe, tout le monde retweete tout le monde, et c’est pas simple de remonter la source des infos. Nous nous installons à nos sièges, tout à l’avant, mais le brouhaha commence à être assez fort, les passagers sont tous au courant. L’un d’eux interpelle une hôtesse, en lui demandant de parler au commandant. Elle ne veut pas céder mais finalement c’est lui qui sort du cockpit. Il demande le silence : il a eu par radio l’aéroport de destination, ils subissent à leur tour l’épidémie. Nous ne pouvons pas nous y rendre et n’a aucune instruction. Le type excité de tout à l’heure lui dit alors qu’on devrait décoller pour l’Angleterre : c’est une île, l’épidémie peut être contenue au-delà des côtes. Pas con. Il est ok. Le pilote prend place à son siège. On décolle. Mais le type excité se lève d’un coup. Il lit sur son Blackberry que l’Angleterre est sévèrement touchée, il ne faut surtout pas y aller. Il tente d’alerter le pilote, tambourine à la porte du cockpit, verrouillée. L’hôtesse tente de le remettre à son siège mais en plein décollage ça n’est pas simple. Et puis tout bascule : d’un coup l’avion pique, on se retrouve à foncer vers la mer, il cabre, on revient vers la côte… Et finalement on s’écrase contre les rochers de la falaise, pour se retrouver coincés, le nez de l’appareil quasiment dans l’eau, les deux flancs bloqués par des pitons rocheux.

On est complètement sonné. Le pilote nous annonce par micro que seule la porte arrière est accessible pour sortir. Les hôtesses déclenchent les toboggans et les canots de sauvetage. Finalement tout le monde s’extirpe de la carlingue et se retrouve sur un bout de falaise. Je regarde sur mon mobile un outil que j’ai designé avec un ami pour connaître en combien de temps la Terre serait zombifiée : d’après notre module, il s’agit de quelques jours. Nous décidons d’installer un campement temporaire sur ce bord de falaise tandis que le pilote s’est désigné volontaire pour aller chercher de l’aide à l’aéroport, à quelques kilomètres.

Plusieurs jours plus tard, le pilote n’est jamais revenu, l’aide n’est jamais arrivée. Je n’ai plus de batterie mais j’ai pu voir rapidement que notre région était touchée par l’épidémie. Ce qui explique pourquoi nous sommes restés là. Loin d’habitations, on espère être épargné. Et puis au loin je vois de la fumée : un véhicule arrive sur le chemin de terre. Non, ils sont plusieurs, une flopée de 4×4 et de camions. Les secours ? L’armée ? Ils se rapprochent et s’arrêtent à quelques dizaines de mètres. Un grand type, torse nu, fusil à la main, se met sur le marche-pied. Il nous regarde. Ca sent pas bon. Puis il crie vers les camions : « N’épargnez que les femmes ! ». Ce n’est donc pas l’épidémie de zombies qui va nous tuer, mais une bande de cinglés. Il n’y a plus rien, nulle part où fuir, sauf derrière, la falaise. On saute.

On a marché sur la lune

Pour une opé blogueur, Juliette et moi sommes invités à participer à un voyage sur la lune. Nous ferons partie des quelques poignées d’êtres humains nous étant rendus sur ce gros caillou. Forcément, on accepte. Très vite nous nous retrouvons sur la piste de décollage, dans nos combinaisons de spationautes. La fusée ressemble davantage à un gros avion et le vol ne dure pas très longtemps. En fait, nous participons à une espèce de beta-test de vols d’un nouveau genre. Nous sommes accompagnés d’un pilote un peu roublard et une intendante. Bref, pour alunir, le capitaine me demande de me placer tout en bas de la fusée et de viser avec un guidon le hub qui va nous accrocher. Là je découvre par le hublot qu’on va se poser sur une base lunaire. Le capitaine nous explique qu’elle est vide et qu’on l’a louée à la NASA pour quelques jours. Un peu comme un Pierre & Vacances. Tout se passe bien, on commence à découvrir la base. L’intendante décharge ses cartons de nourriture lyophilisée, tandis que le capitaine, un peu trop sûr de lui, ne vérifie pas la fermeture du sas qui mène à l’extérieur. C’est l’intendante qui lui signale qu’un truc bloque la porte. Là je le sens mal. Au lieu d’arranger les choses correctement, il se dit qu’en tirant un grand coup sur ce qui coince permettra de le débloquer : il l’attrape avec les mains, jure, et tire de toutes ses forces. Certes ça débloque la porte, mais au lieu de la fermer, ça l’ouvre. Le pauvre homme est aspiré à l’extérieur. Notre salle dépressurise, les lumières rouges accompagnent les sirènes. Puis la porte se referme. On se précipite vers la porte vitrée, pour tenter de voir le capitaine. Vu le cri qu’il a poussé en étant aspiré à l’extérieur, on a pas vraiment d’espoir qu’il soit encore vivant. Soudain le glas tombe sur cette expédition lunaire, qui se voulait légère. On est dans le caca. Personne parmi nous ne sait piloter, et on a la seule fusée qui est actuellement en service. Oups.

Camionnette, snipers et fin du monde

A la suite d’une réunion de famille, je reprends le train à la gare de Bruxelles avec parents, frangins, cousins, oncles et tantes… Elle est circulaire et de l’extérieur pourrait ressembler à un stade. Nous sommes assis contre ses murs, dans une rue qui se termine en cul-de-sac contre la gare, en attendant notre train : l’intérieur est bondé et nous avons plus d’une heure d’avance. Je suis assis entre mon père et ma copine quand je vois passer à toute allure une camionnette noire et qui, dans un silence complet d’ébahissement général, vient s’écraser contre le mur de la gare. Stupéfaction dans la foule, aucune victime sauf les deux passagers qui ont littéralement explosé dans leur cabine. Je suis le premier à dégainer mon portable pour appeler les secours.
– Mince, c’est quoi le numéro en Belgique ?
– Tape le 112 me dit mon père.
Ce que je. Dès le déclic je résume deux phrases l’incident, mais une voix me répond en flamand.
– Non, je parle français. Ik sprecht ne neederlands ! Français !
Un autre déclic, puis une nouvelle voix. Pendant ce temps, je me suis écarté de la fourgonnette et je vois deux policiers au loin, les hèle, leur indique le l’endroit résume à la voix française la situation et précise que deux policiers sont sur place. Je raccroche et rentre dans la gare, quelque chose me turlupine.

Une fois dedans, une image de fourmilière me saute aux yeux. Quelque chose de pas normal dans cette camionnette. Pourquoi s’écraserait-elle à si vive allure contre un mur, si ce n’était pour… Je cours vers l’endroit de l’impact, mais à l’intérieur : une salle vide, et un mur épais comme une feuille de papier. Seulement des tas de caisses sont posées contre, et vu le peu de poussière, c’est tout frais. Une chance. Je retourne à l’extérieur, attrape la chemise de mon père :
– un attentat! C’était un attentat ! La camionnette est bourrée d’explosifs, mais les terroristes se sont tués avant de les activer. Ils voulaient exploser à l’intérieur de la gare !
J’attrape les deux policiers qui sont là, et leur répète la même chose. Terrorisés, ils se ruent sur leurs talkie walkie et appellent brigades, escouades, etc. Un périmètre de sécurité est organisé, mais nous restons dans cette ruelle : les secours y ont installé leur campement pour soigner les blessés légers, avant que l’on connaisse la véritable nature de l’accident. Nous sommes donc rassis quand tout d’un coup une douleur sourde me traverse la tête, je voix rouge, je m’effondre sur le sol.
– on nous tire dessus !
Mon père me regarde, il n’a rien vu, rien entendu.
– Couchez vous ! A terre !
Je fais signe à un cousin assis plus loin, je cherche des yeux le reste de ma famille.
Une autre balle est tirée et vient rebondir sur la camionnette. Cette fois tout le monde a entendu. Je regarde dans la direction opposée : au bout de la ruelle, un carrefour. Au centre du carrefour, un hôtel. Au deuxième étage, un sniper. C’est la bousculade pour sortir de cet endroit. J’attrape ma copine par le bras et nous courons vers le carrefour, étant donné que ce n’est que la seule sortie possible. Les flics sont dépassés. Au fur et à mesure que l’on s’approche de l’hôtel, je distingue de mieux en mieux le tireur : un homme très grand, cheveux longs blonds presque blancs, torse nu. Il saute du balcon, fusil à la main, et se dirige vers la ruelle. Il est suivi d’un autre gars, type asiatique, tout aussi grand. Ils marchent au travers de la foule sans se soucier d’elle. Plus loin, je vois un groupe de policiers et leur fait la description des deux individus. Ils foncent dans leur direction, arme au poing.

Pendant ce temps, c’est la fuite. La cohue. L’anarchie : je croise de plus en plus de types avec une arme à la main, qui commencent à s’en prendre à la population. Mais l’horreur se révèle quand je vois, au loin, une brigade de police abattre des individus désarmés, désorientés, perdus. Je décide subitement de ne plus courir sur la route, mais de passer derrière les maisons qui la bordent. Un regard vers ma copine suffit pour comprendre qu’elle aussi a saisi la situation. Nous arrivons à un immeuble en chantier, il n’y a pas d’autre moyen que de passer par la construction. C’est à ce moment que je sens qu’on est suivi. On monte au premier, en se cachant le plus possible dans les outils et matériaux abandonnés. Je vois alors un de ces grands types aux cheveux longs, en bas, cherchant quelque chose ou quelqu’un. Quand d’un coup il lève les yeux vers nous : c’est là que je vois ses pupilles, rouge sang, et le blanc de ses yeux devenu bleu. C’est là que je me souviens.

Flashback.
Quelques mois plus tôt, je suis à l’entrée d’un temple millénaire, découvert par mes soins, mais pour un but particulier : ma mission consistait à retrouver des pierres pour un richissime individu. Sur ses indications j’ai découvert l’endroit, mais pas l’utilité des pierres. On aurait dit de vulgaires cailloux sans forme, mais à l’intérieur brillait un éclat vert, parfois rouge, parfois bleu. C’est lors de leur livraison que j’en ai appris davantage : à cause d’une maladresse d’un garde de mon client, et par association avec ce que je savais du temple, j’ai pu en déduire que ces pierres étaient en fait de puissantes drogues utilisées par des sortes de chaman pour leurs transes. Ce que je ne savais pas c’est qu’elles modifient le métabolisme de l’individu et qu’elles plongent tous ceux qui y ont goûté dans un environnement communautaire et bestial fort, presque télépathique. Et ce, de manière permanente. De sorte que ce type pour qui je suis allé chercher ces pierres a pu infiltrer toutes les forces, toutes les administrations, tous les groupes armés en distribuant un peu de poudre de pierre à quelques individus choisis. Et voilà la révolution, à l’insu du peuple, lequel est peu à peu éliminé par cette nouvelle race dévastatrice.

Le soir est tombé, et je lis dans les yeux de cet être le sentiment de victoire. Et quand j’observe au loin tous ces brasiers, quand je comprends que je suis peut être le seul à connaître réellement la situation, je me demande sincèrement comment on va sortir de là.

Aviation, horreur et absurdité

Tout commence sur une route d’Amérique du Sud. Nous roulons sur une piste à travers la forêt, quand nous nous arretons sur une corniche surplombant une vaste clairière. Nous découvrons un aéroport doté de trois petites pistes, un aérogare moyen et quelques moyens porteurs sur le départ. Jusque là tout va bien, on est venu voir les avions, on descend un peu sur le tallus herbé, nous rapprochant des pistes dépourvues de grillage. Quand l’horreur survient.

Un des avions qui décolle sur une des courtes pistes semble vouloir gagner trop vite de l’altitude. Il grimpe trop, il va décrocher. Il décroche. Dans un silence total, l’avion se retourne et commence à tomber. Horreur. Il se redresse à peine, je ne peux pas m’empêcher de hurler face à cette vision apocalyptique. Tout ce que je trouve à faire, hormis brailler, c’est sortir mon téléphone et photographier la scène. L’avion qui tombe. L’avion sur le dos à quelques mètres du sol. L’avion qui prend feu. L’horreur. J’en viens presque à chialer. L’engin se trouve à quelques mètres de moi, la partie arrière en feu, le nez dans la terre. On extrait un miraculé, qui ne semble l’être plus que pour quelques instants. C’est un steward. Des personnels du sol lui on déjà appliqué une minèrve qui lui recouvre tout le visage, je ne vois que ses yeux ; il est ensanglanté et totalement brûlé à partir du bassin. On appelle les secours, qui tardent. Un collègue du steward qui arrive en courant de l’aérogare lui sort cette absurdité : « Je sais qu’on ne peut pas te briser les cervicales tant que le délégué de la CGT n’est pas là, mais nous devons secourir les victimes ». Je suis au-dessus du type au sol qui pleure tant qu’il peut, il ne semble pas comprendre ce qui se passe ; son collègue vient de sortir un scalpel et lui ouvre le bide, laissant surgir une masse de boyaux et d’organes. Puis il plonge la main dans ses entrailles et cherche des survivants. Il ne trouve que des brûlés.