Restau jap, morse alien et trou noir

Rendez-vous dans un restaurant japonais avec mes anciens collègues de stage, ceux du studio de jeux vidéo. Ca fait longtemps qu’on s’est pas vu, c’est sympa de se retrouver autour d’une table. Mais le principe du restaurant est original, je le découvre tandis que j’ouvre la carte : aux menus correspondent des lots de personnages d’armée, qui permettent de jouer à un jeu de plateau géant tout en mangeant. L’idée est simple : plus le menu est gros, donc cher, plus on a de personnages dans sa petite armée. Je peste ouvertement contre les 12 € à rajouter pour avoir un héros et deux sushis, les menus étant déjà assez chers comme ça et mon budget étant assez limité tout de même. On commande et … trou noir. Je suis dans la rue, il est presque minuit, je rentre chez moi. Un mal de crâne me prend… comment puis-je avoir oublié ce qui vient de se passer ? Je me rappelle du restaurant, qui y était, le principe du menu et du jeu, et puis, plus rien. Dingue.

Je descends la rue qui mène à mon ancien collège. Tiens, il y a un chantier à côté. Une sorte de grue géante qui est en fait un bras articulé surplombe le tout. Le chantier est ouvert de nuit, la grue éclaire le tout avec son spot géant qu’elle tient au bout de son bras articulé. C’est le roulement des équipes, il y a une pause pendant le changement. A cet instant je distingue une silhouette qui se glisse dans la nacelle de la grue et l’active. Le bras pointe alors brusquement vers le ciel qui est devenu tout d’un coup très bas. Les nuages tourbillonnent, le vent se lève, tout le monde se met à l’abri, quand je distingue très clairement des signaux lumineux qui partent vers le ciel : le bras émet en morse. J’essaie de retenir la séquence pour déchiffre le message chez moi, ne pouvant le traduire instantanément.

En rentrant chez moi il fait noir, pas de lumière. J’ai l’impression d’avoir été suivi. Je suis dans ma chambre, et pourtant je ne sais pas vraiment où je suis. La sensation étrange de tout à l(heure ressurgit de plus belle. Je suis complètement désorienté. Je lève à peine une paupière et je ne reconnais rien dans la pénombre… où est la porte ? où sont les fenêtres ? Rien, je ne reconnais rien, je ne sais pas où je suis, ni qui je suis vraiment.

Le réveil (le vrai) s’est déroulé de la même manière : pendant presque 10mn, je somnolais, incapable de savoir où je me trouvais.

Téléfilm, marginal et bout de la ville

J’habite avec ma copine un appartement dans une grande ville sombre mais propre. Classieux. Il est 19h, et j’ai rendez-vous avec un ami dans un restau-bar, quelques rues plus loin, pour discuter de la refonte du design d’un vieux site dont nous sommes parmi les plus anciens membres. « Je sors », dis-je simplement sur le palier, avant de m’enfuir dans la pénombre des rues désertes. Pas un papier par-terre, pas une poubelle qui déborde, pas un chat non plus.

J’arrive dans ce restau qui fait l’angle, seul point de lumière du quartier. On y diffuse un téléfilm, le même que j’avais en bruit de fond avant de sortir. Je le suis d’un oeil, en attendant mon rendez-vous qui n’arrivera jamais.

Au bout d’une demi heure et d’un demi, m’appercevant que je n’ai ni portable ni monnaie pour téléphoner, je me traite d’andouille et m’inquiète pour celle qui commence à se demander où je suis parti. Je décide alors de rentrer, quand sur le chemin je croise un homme un poil émeché. Pas un clochard, juste un marginal au sourire sympathique qui ne demande rien. Il m’accompagne un bout de chemin, dans la nuit s’installant, parlant d’abord tout seul, puis discutant avec moi. Il est en fait un voyageur, qui va de pays en pays, et assure n’avoir jamais visité de ville comme celle-ci, où il fait froid et noir. Je lui prête ma veste tandis que nous marchons, toujours tout droit. Je me suis perdu. Impossible de reconnaître l’endroit. Voyant mon désarroi, il se montre un peu désolé. Puis nous voyons une lumière briller au loin. Nous marchons longtemps dans sa direction jusqu’à découvrir le bout de la ville et son phare. Une large jetée, parsemée de morceaux de béton et d’étendues de boue. Quelques rocades passent au-dessus de ces plages de terrain vagues. Je suis déjà venu ici, oui, je m’en rappelle à présent. Mais en voiture, et le chemin était particulièrement long ! Aurais-je marché si longtemps ? Et comment rentrer chez soi à pieds, je ne vais quand meme pas longer l’autoroute qui traverse en hauteur cette ville sans fin ?

Tandis que nous allons nous asseoir au pied du phare, j’observe un entrepreneur immobilier, clinquant et dodu, vendre les mérites de ce terrain pourri à un jeune couple désireux de s’installer. La crise du logement n’épargne personne. Le ventreux commercial annonce des superbes villas surplombant une plage de sable fin. Difficile à imaginer en l’état, tout n’est que bitume, terre sale et fils de fer rouillés. Et puis la rocade passe juste au-dessus.

Mon compagnon de route suggère d' »emprunter » la voiture du gros homme. Bonne idée, après tout. Et nous voilà filer sur la rocade, nous faisant avaler par la ville sombre que j’étais empressé de regagner.

Sport collectif

Coup de sifflet de l’arbitre, la partie est engagée. Je me retrouve au beau milieu d’une piscine municipale dont la hauteur de l’eau ne dépasse pas les 50cm. Le bassin est noir de monde, on se croirait dans un album de Où est Charlie.

Pas besoin de comprendre les règles, je les connais déjà : deux équipes s’affrontent dans une sorte de water-rugby, avec comme ballon… un bon gros savon de Marseille. Le but est de caser ce savon dans le mur du camp adverse, avec interdiction de marcher ou courir avec. Ce qui explique que la piscine soit pleine de participants, afin de maximiser les passes. Je reconnais une bonne partie de ma famille, amis, collègues, on doit compter une trentaine de personnes par équipe. Bon, pas une minute à perdre, il faut récupérer le savon qui déjà a disparu. Entre les petits groupes désintéressés qui discutent entre eux, ceux qui courent en raclant le sol afin de trouver l’objet de toutes les convoitises et les gardiens multiples qui tentent de diriger les éclaireurs, on ne ditsingue pas grand chose de ce mouvement continu de dizaines d’individus. Je cours vers le centre du terrain et plonge la tête la première. Le sol glissant me fait parcourir quelques mètres à plat ventre, à fleur d’eau, tandis que mes mains attrapent par hasard le fameux savon. En un éclair je me relève et le dissimule au camp adverse, tout en cherchant un coéquiper ayant repéré l’action. Car le moins que l’on puisse dire de ce jeu, c’est que malgré tout l’individualisme prime. Bref, ne trouvant personne de suffisament proche, je lance le savon au loin, vers le goal adverse. Leurs éclaireurs m’ont vu et courent à sa poursuite, tandis que j’ai déjà bondi et renouvelle ma glissade expresse. Quel lancé, il m’attérit dans les mains 30m plus loin. Un exploit. Je n’ai que quelques instants pour me relever et placer le savon dans son emplacement, un porte-savon en réalité. Le goal tente de boquer mon tir, un adversaire m’attrape une jambe, mais je fais mouche : le bloc massif vient s’écraser directement dans son étroit logement, faisant marquer une poignée de points à notre équipe. Et pas le temps de souffler, l’arbitre a déjà relancé un nouveau savon au centre du terrain.