Art, Chiens et Trains

On est à Londres, avec toute ma famille. On y passe pas juste des vacances, mais on s’est installé temporairement là, genre 3-4 mois. Nous sommes en banlieue, plutôt campagne. Je passe de plus en plus de temps dans une galerie d’art, qui est aussi équipée d’un atelier. Je n’ai jamais vraiment travaillé de matière brute avec mes mains, et le gérant qui est un jeune trentenaire, un vrai artiste, me propose de travailler dans un coin de son atelier. J’accepte donc. Très vite il m’apporte un gros tronc d’arbre un peu tordu. « Tu vas commencer à partir de là; je vais te le polir, et tu en feras ce que tu veux ». Le lendemain quand je reviens dans la petite maison, la pièce de bois est effectivement bien plus belle, toute polie.

Ellipse.

Voilà j’ai terminé mon « oeuvre ». Je ne sais pas si je suis content, j’ai composé autour du tronc couché avec des matériaux récupérés (métal, tissus, peinture). L’occupant des lieux semble content. D’ailleurs il fait un vernissage ce soir d’une nouvelle expo, il veut mettre ça en pièce centrale. « Pourquoi pas », lui dis-je, persuadé que ce n’est pas de l’art, mais bon.

Mes parents et mes frères m’accompagnent au vernissage, ils sont très fiers. Juste avant d’ouvrir, l’artiste-gérant me demande d’enter seul. Il a en effet invité une cliente qui cherchait depuis longtemps une oeuvre de ce style et elle a tenu à la voir avant, dans l’éventualité de l’acheter. Elle veut me poser des questions. Je suis très étonné, à moitié flatté, et je découvre qu’elle a environ mon âge. Elle veut savoir d’où « tout ça m’est venu ». Je lui dis que je n’en sais fichtre rien. Elle n’arrête pas de tourner autour (ça fait quand même bien 2m de long) en répétant « j’adore, j’adore ». Elle est accompagnée d’une amie plutôt discrète. Je les laisse, je sors un peu.

Le vernissage se passe bien, on boit, on mange, on discute, c’est drôle.

Quand la soirée est terminée, je retourne voir ce rondin déguisé. Et je vois une petite étiquette rouge avec un prix dessus. C’est vendu. 9 500 $, dont 8 300 pour moi (frais de la galerie). J’hallucine. 8 000 dollars dans la poche pour ce truc moche. Je suis complètement fou, je ressors en criant à mes parents l’incroyable nouvelle. Ils n’en reviennent pas non plus, mais estiment que ça doit plaire à certaines personnes. Bin oui, la preuve.

Pendant que je discute un peu avec le gérant, mes parents et frangins partent devant. Et puis dans la rue j’entends des cris, des bruits : Max, le plus petit, est parti plus loin et s’es retrouvé en face d’une meute de chiens errants. Il est encerclé. Ma mère crie, je la rejoins. Il se fait attaquer par les chiens, alors je fonce vers eux en hurlant plus fort qu’ils n’aboient. Ca les fait fuir, et Max a été mordu méchamment. Il lui faut des soins. Toutes les maisons semblent fermées, vides. Je fonce vers un pub un peu plus loin, et avec le stress j’arrive à peine à faire une phrase compréhensible en anglais. Je dis au barman « My brother was.. euh.. bitten by a wolf » (alors que ce sont des chiens, mais je ne savais plus comment dire chien, et qu’importe). Le mec me regarde, il astique son verre. « We have to call an ambulance! » j’arrive à peine à dire, tremblotant. Il me dit qu’il a pas le téléphone mais qu’un autre bar plus loin l’a. Je continue dans cette direction, je me rapproche de rails de chemins de fers, assez nombreux, qui semblent tous converger vers Londres. Une fois dans ce bar une serveuse m’indique le téléphone, derrière un coin. Elle me donne un cure-dent. « Why? » je lui demande. Et là elle m’explique que le téléphone marche sans pièces mais qu’il se coupe au bout de 20s. Si je veux téléphoner plus longtemps je dois coincer la petite roue qui tourne. J’essaie mais c’est vraiment n’importe quoi, impossible de téléphoner, le cure-dent se casse. Je désespère. Je me dis qu’après tout, je peut porter Max à Londres moi-même.

Je vais le récupérer sur le sol, il est conscient mais saigne bien. Je me dirige vers les voies ferrées, et on trouve une sorte de plateau sur rails. On se met dessus et on se laisse glisser vers Londres, comme sur un radeau.

Usurpation d’identité, chasse à l’homme et parc zoologique

C’est le week-end, vendredi soir. Je décide de partir à Lyon voir des amis là-bas. Je prends le train, mais pour une raison qui m’échappe je ne peux pas les voir. Alors je prends une chambre d’hôtel en me demandant ce que je vais faire le lendemain.

Le lendemain justement, je décide de faire un peu de tourisme. Je me rends dans la campagne où j’ai entendu parler d’une immense réserve naturelle d’animaux sauvages, que l’on peut visiter à pieds, sans grillage. Un peu comme l’île de Jurrasic Park niveau taille. A l’entrée, je retrouve une collègue de travail. Tiens, marrant. On décide donc de faire la visite ensemble, mais avant ça, on voudrait rencontrer le directeur. Donc sur la gauche de l’entrée se trouvent les bâtiments administratifs, là où sont les gardes en pause, etc. En fait c’est une véritable petite armée… Bref, la secrétaire nous fait patienter sur un banc dans un couloir, devant le bureau de directeur absent pour le moment, « mais il va pas tarder ». Bon. Moi j’ai pas que ça à faire, la porte baille, je décide de visiter son bureau.

Et là je découvre l’univers d’un homme rongé par une passion qui n’a rien à voir avec les parcs, les animaux sauvages, et tout ça : il traque, espionne, poursuit une identité sur le web. Des pages imprimées recouvrent son mur, son bureau est rempli de notes, d’url, de questions, autour d’un personnage du web qu’il pense « faux ». Si je comprends bien son raisonnement, il pense que cette identité qu’il pourchasse a été usurpée par quelqu’un. Il se trouve que ce quelqu’un, c’est moi. Mais ça le directeur ne le sait pas. Alors sur son calepin j’écris un petit mot au nom de cette identité, pour le faire enrager. Je sors du bureau, j’attrape ma collègue par le bras et lui explique en deux mots la situation. En somme, vaut mieux pas traîner ici.

On décide rapidement de sortir séparément, pour ne pas éveiller les soupçons. Oui ok c’est justement les éveiller mais on se sentait épié. Je pars devant. Sans me retourner je comprends que des gardes sont en train de l’arrêter. Ils ne m’ont pas vu, j’ai juste le temps de sortir du bâtiment. Trop risqué de passer par la grande entrée, je préfère m’enfoncer dans le parc. J’espère qu’elle ne parlera pas trop vite…

Un immense domaine est devant moi. Sur la gauche des falaises avec au pied des broussailles : difficile mais ils ne me chercheront pas là. A droite un grand lac, et au milieu une plaine sans fin, une route la traverse. Les touristes classiques sont au bord du lac ou filent en voiture vers les zones du fond. Parait qu’il y a des ourses en liberté là-bas. Bon, au lieu de me fondre avec tous les touristes, je file vers les falaises. Sauf que pour les atteindre, il faut traverser une vaste étendue plate pas très couverte. Qu’à cela ne tienne, je fonce. Je réussirai à grimper les rochers et à m’échapper par là. Je file donc, en courant, pendant de longues minutes. Et puis soudain, un bruit d’hélico volant très bas. Zut, je ne suis même pas encore au pied des falaises. Et de toute façon elles seront trop dures à grimper, je me suis sur-estimé. Hop demi-tour, je décide enfin de rejoindre les touristes classiques. Mais trop tard, l’hélico me passe juste au-dessus, fait demi-tour, stagne, un tireur se met en position, tire, la balle passe juste à côté de mon oreille. Ok, c’était un tir préventif, ils ne rigolent pas. Pas le choix, je me mets à genoux, les mains sur la tête. L’hélico se pose et les deux gardes armées descendent, courent vers moi, me mettent à terre et me menottent. Hop je suis embarqué dans l’hélico. On passe au-dessus des falaises.
— Félicitations pour vos falaises, elles sont super dures à grimper, je dis au garde à côté de moi
— Merci, répond-il fièrement
Et on passe à ras. Le pilote fait un peu son kakou, mais très vite il est surpris par un immense filet juste derrière une petite colline. On est horrifié, ce filet fait la taille d’un immeuble, c’est gigantesque. Le pilote s’arrête quelques mètres devant et pose l’hélico.
— SILENCE!! Souffle-t-il
Et on voit surgir une immense tortue, dressée sur ses pattes arrières, habillée comme un joueur de foot américain. On est dans la zone des tortues joueuses au foot. Et en pleine partie. Le monstre passe à côté de l’hélico qui doit lui sembler être une simple mouche posée sur le sol. Derrière nous d’autres joueurs surgissent. On est vraiment au milieu du terrain.
— Et personne ne filme ça ? je gueule complètement ahuri.
Je sors mon Blackberry de ma poche, avec mes menottes, et j’enclenche la fonction vidéo, pour capturer quelques images de ces monstres sortis de super Mario. Le pilote redécolle en trombe, tout vert, et on s’éloigne rapidement de l’endroit. Je continue à filmer, notamment mes gardes, qui jouent avec leurs casques. Je me demande si je pourrai bloguer cette vidéo…

On arrive aux bâtiments du début. Là on me pousse jusque dans une petite cellule. Je ne manque pas de gueuler, crier, m’insurger, c’est pas normal, je n’ai rien fait, etc. Mais on me fait comprendre que le directeur a très envie de me voir, et de me punir. Pourtant l’identité qu’il traquait n’avait rien à voir avec lui, je ne comprends pas.

Tout seul dans ma cellule je me demande comment je pourrais tourner cette histoire à mon avantage, notamment en bloguant mon arrestation au fusil et à l’hélico. Mais ça signifierait avouer que cette fausse identité, c’est moi. Dur. Mais pas le temps de faire les 100 pas, le directeur arrive. S’en suit un échange violent de « nous avons des preuves », « mes fesses oui, vous avez que dalle », etc. Jusqu’à ce que je comprenne que ma collègue, qui en savait long, a parlé très vite….

Le scarabée domestique

Je me réveille dans une chambre d’hôtel d’un pays étranger. En vacances. En famille. Je partage la chambre avec mon frère, qui a déjà a rejoint le buffet du petit-déjeuner. Pour ma part, je préfère profiter d’un bon bain dans la une baignoire en forme de coquille Saint-Jacques. En sortant, je trouve près du mini-bar un assortiement de housses de protections pour PSP. Chaque jour le personnel de l’hôtel propose un nouvel assortiment. Aujourdh’ui, certaines ont le prix indiqué dessus, d’autres sont assorties d’un autocollant sur lequel est écrit à la main « free – gratis ». Tiens, pourquoi pas, mais il faudrait que je vérifie auprès de la réception de leur véritable gratuité. Après avoir enfilé un short et m’être aperçu que je n’ai plus de t-shirt à mettre, je rejoins ma faille dans le hall ensoleillé. Et sans le moindre étonnement, je m’écrie en découvrant mes deux frangins fixant un point blanc sur le sol :

– Il a éclos ! C’est super !

Notre scarabée domestique vient de naître. Attaché au bout d’une laisse ‘maison’ en ficelle, il est encore pâle. Ce n’est qu’un nouveau né.

J’en profite pour faire part mon besoin assez imminent de t-shirt, et nous décidons de partir tous els cinq dans la rue qui surplombe l’hôtel, trouver de quoi me vêtir le torse mais aussi promener notre nouveau compagnon.


C’est moi qui tiens la ficelle. Comme il est encore jeune, il n’exprime pas de forte résistance, et je me surprends même à marcher plus vite que lui. « Mince, me dis-je, si je marche trop vite je risque de lui casser les pattes » et décide donc de réduire l’allure. Malheureusement, le jeune animal trébuche quelques mètres plus loin.

– Que se passe-t-il, s’enquit mon frère.

– Je ne sais pas, on dirait qu’il s’est coincé la tête dans un truc métallique.

Et voilà que notre jeune scarabée blanc grossit et devient une statue de métal, brillant et immobile, tout en se décomposant en plusieurs morceaux : pattes, corps, tête, cornes… Je ramasse le tout et m’installe sur un banc, dans l’espoir de le remonter, tel un Lego. Car si je ne parviens pas à réimbriquer toutes les pièces à temps, le pauvre insecte risque de rester ainsi à jamais… Et pendant ce temps, les autres vont dan la boutique de t-shirt, m’en choisir un qui demain ne pourra pas être réutilisé.