Et la nouvelle reine d’Angleterre est…

La reine Elisabeth II a abdiqué. Et par un enchaînement inédit d’abdications parmi les héritiers du trône, je me retrouve être son successeur, au bout d’une ramification familiale dont j’ignorais l’existence. Je suis le prochain roi d’Angleterre, rien que ça.

Je suis transporté à Buckingham Palace avec mes parents et mon plus jeune frère Max. De l’intérieur ça ressemble plutôt à un agrégat de maisons qu’à un véritable palais et les innombrables couloirs nous perdent rapidement. Mais pas le temps de visiter, nous sommes conduits dans une pièce où nous sommes préparés, habillés, maquillés. Et coiffés. Mais c’est une catastrophe : depuis les confinements, je ne suis pas retourné chez le coiffeur et ma tête ne ressemble à rien. La coiffeuse ne sait pas quoi faire de ma tignasse, ma mère s’en inquiète : « Que vont penser les gens qui te verront une fois couronné ? ». Mais pas le temps d’envisager une coupe : la BBC retransmet à la télévision les préparatifs de la cérémonie : des milliers de personnes sont déjà agglutinées le long du parcours du carrosse, qui m’attend à la sortie. Le personnel exécute les préparatifs par dépit : je suis un outsider complet, sans aucun étiquette ni éducation royale. Ils pensent tous que je suis un imposteur. Mais moi, je n’ai rien demandé non plus. On m’enfile une sorte de manteau royal, on me donne un sceptre et me voilà en route dans ma calèche dorée pour recevoir quelques sacrements dans une vaste église pleine d’inconnus et de caméras. Pendant la cérémonie, j’entends de nombreux commentaires, dont ceux du présentateur de la BBC, ne cessant de s’étonner du couronnement de ce modeste inconnu, dont personne n’aurait pu prédire l’accès au trône. À la fin de la cérémonie, ils vient m’interviewer avec tout le dédain qu’on peut imaginer me concernant. Il propose même qu’on me coupe les cheveux en direct. Ma mère me fait non des yeux, mais je me dis allez, soyons fous. La coupe est pas dingue, mais le journaliste est bluffé que j’aie accepté.

Une fois de retour au palais, je suis placé dans mes appartements comme on dépose un manteau dans son placard. Immenses, confortables, mais dénués de moyen de communication. Je retrouve mes parents, dans leurs appartements, eux aussi coupés du monde. Nous sommes inquiets. Car mon autre frère, absent de la cérémonie, n’a pas donné de nouvelles depuis qu’il est parti en randonnée en montagne il y a quelques jours. Fort heureusement la presse et le public n’ont pas encore connaissance de son existence. Nous voulons appeler le refuge où il était censé s’abriter lors de son excursion mais nous n’avons pas de téléphone. « Je sais ! » dis-je. « Je suis le roi après tout ; j’ai bien le droit à une sorte d’aide de camp, ou de secrétaire ! ». Et je m’en vais dans les couloirs à la recherche de ce supposé assistant.

Je me perds dans les couloirs du personnel, alambiqués, exigus, et je tombe sur les cuisines. Les cuistots ne comprennent pas qui je suis ni ce que je veux. Une femme de chambre passant par là me reconnaît : « Hey, mais je vous ai vu à la télé ! Faut pas rester là, retournez dans vos appartements ». Je lui explique que je cherche mon éventuel aide de camp mais elle me dit qu’il n’a pas encore été désigné. J’arpente les couloirs dépité, tandis que le personnel vaquant me croise avec un air interrogateur, comme si un intrus avait pénétré le palais.

J’arrive sur le perron puis dans la cour. Là, deux types en voiture de luxe m’attendaient : visiblement, je suis invité à aller dîner avec eux en ville. Cela fait partie de mon agenda de roi. Ok, allons-y après tout. Ils me conduisent dans un restaurant huppé, la vue est superbe. Mais ils passent leur temps à prendre des selfies avec moi et poster des photos sur Instagram, se vantant de dîner avec un roi. Au final, je mange seul sans lâcher un mot, un peu triste de cette étrange vie qui démarre. De temps en temps je regarde mon téléphone pour voir mon compteur Instagram exploser de seconde en seconde : ça y est, je deviens célèbre. Mais je ne pense plus à mon frère perdu en montagne.

Le lendemain, alors que je retrouve mes parents pour le petit déjeuner, un secrétaire se joint à nous et se présente : il m’assistera pour toutes mes tâches. D’emblée je lui explique la situation de mon frère et lui intime d’envoyer les secours. Lui qui pensait avoir des missions plus nobles, rechigne un peu mais s’exécute. À peine a-t-il quitté la pièce que mon frère manquant se pointe au palais, tout maigrichon, en tenue de randonneur. « Je suis venu dès que j’ai appris la nouvelle » nous dit-il. Je rappelle mon secrétaire pour annuler les hélicos et rappeler chiens, tout est réglé.

Un peu plus tard, j’entreprends d’explorer davantage les lieux. Je commence par l’extérieur et fais le tour du palais. Je trouve ainsi l’entré du garage : un long tunnel, assez large, dans lequel sont garées sur un vaste espace les voitures royales : coupés, berlines, minibus… un peu plus loin, une barrière avec des gardes. Après cette barrière, un accès à mes appartements. Je salue les gardes, qui fument, lisent les journaux et discutent en plaisantant. Tous arrêtent ce qu’ils faisaient et me regardent d’un air sérieusement suspect. L’un d’eux fait mine de sortir son arme de sous son costume quand un autre lui dit d’arrêter : il y a ma tête dans le journal, je suis leur patron ! La petite goutte de sueur qui commençait à couler dans ma nuque s’écrase sur mon peignoir : ouf. Depuis le début, personne ne semble se soucier de qui je suis, là ça a failli être fatal. Ils me disent gentiment de pas rester là, mais je leur répond que je suis content de faire leur connaissance et je ne veux pas les déranger. Dans notre dos, un bruit de moteur vrombissant. Nous nous retournons : deux jeunes baraqués, lunettes noires, à fond sur un scooter bruyant, foncent vers nous dans le tunnel. Ils pilent juste avant la barrière alors qu’un des gardes s’est levé et leur a intimé de faire demi-tour. Ils se jettent du scooter et dégainent : un pistolet dans chaque main. Ils ouvrent le feu avant même d’avoir touché le sol. Les gardes sont presque tous foudroyés par les balles, je me jette derrière une berline blindée. Plaqué au sol, je les vois évoluer vers les survivants. L’un des derniers gardes tente de les abattre mais c’est lui qui se fait descendre. En mourant, il lâche son arme qui glisse vers moi. Je la saisis et vise la tête du gars le plus proche. Je tire : rien. Enfin, ça tire, mais il reste debout. Il m’a vu. Son complice aussi. Ils se rapprochent de moi, en marchant tranquillement. J’ajuste à nouveau l’arme et tire sur les deux types. Ils sont à deux mètres de moi, comment je peux les louper ? Je continue d’appuyer sur la gâchette mais rien n’y fait, ils sont invincibles. À court de munitions, allongé sur le dos, les mains tendues crispées sur le pistolet vide, je me dis que mon règne aura été le plus court de l’histoire. Ils pointent doucement leurs armes vers moi, puis les baissent et enlèvent leurs lunettes : « Bravo monsieur, vous avez brillamment passé le test, bienvenue au palais ».

Famille, aliens, invasion

Je suis avec mon plus jeune frère, Max, chez mes parents. On est plus jeunes qu’aujourd’hui. Avec Max, on trouve que le comportement de papa et maman est de plus en plus étrange. On finit par se rendre compte qu’ils sont possédés par une sorte d’entité alien. Ils veulent nous forcer à rejoindre le groupe, ce que nous refusons. Nous sommes prisonniers à la maison, nous ne pouvons plus en sortir, ils nous retiennent, et dès qu’on s’approche de la porte d’entrée ils nous attrapent avec force et des gros muscles, leur tête change complètement, nous sommes terrifiées.

J’essaye par tous les moyens de contacter l’extérieur pour appeler à l’aide ; mon premier réflexe est d’envoyer des messages à des inconnus sur Internet, en leur demandant d’appeler la police pour moi, car je ne peux pas téléphoner. Mais j’ai beaucoup de difficulté à donner notre adresse exacte : je ne me rappelle pas du numéro ni de la rue, c’est très compliqué. Je finis par réussir à envoyer un message. Mais les gens ne me croient pas.
Autre stratagème, j’essaye d’alerter des passants mais ça ne marche pas ; les gens me regardent sans rien dire, comme si j’étais fou à lier. Je profite d’un moment nous sommes obligés de tout sortir ensemble pour des courses et nous croisons un camarade de classe. J’essaye d’attirer son attention, mais maman l’attrape et le contamine aussitôt, avec un regard qui veut dire « Essaye encore, mais je gagne à chaque fois ». Je me dis que c’est foutu, je suis résigné.

Un jour j’ai fini par réussir à sortir de la maison à force de nombreux essais, et j’appelle, désespéré, le voisin d’en face. Marc ! Marc ! Mais il ne répond pas. Alors j’essaye de lui téléphoner depuis une cabine à proximité, il décroche, je suis sauvé ! Je lui explique la situation, je lui dis d’appeler la police, de venir nous chercher, mais ça ne l’intéresse pas et il raccroche. Je suis dépité. C’est alors que le miracle se produit : une voiture de ronde de police passe dans la rue à ce moment là. Je me vautre sur leur capot, les sommes d’arrêter mes parents pour maltraitance, ça n’est plus eux, ils sont différents. Les policiers sceptiques viennent à la maison. Regard noir de mon père mais sourire mielleux aux policiers qui évidemment n’y voient que du feu et me disent de rentrer sagement et d’arrêter de jouer aux jeux vidéo.

Il ne me reste qu’une seule solution : les tuer.

Alors que j’avais déjà plusieurs fois essayé de les attaquer, leur force colossale m’avait systématiquement mis au tapis. Cependant, un soir, je parviens à discrètement voler une paire de ciseaux qui trainait sur la table de la cuisine. Je la serre fort dans la main à m’en entailler la peau. C’est ma chance, ma dernière chance. M’man est assise à la table de la cuisine. Je m’approche. Dou. Ce. Ment. Et en un battement de cils les ciseaux sont plantés sur le dessus du crâne, qui semble être le point faible. Deux interminables secondes s’écoulent pendant lesquelles je reste tétanisé d’avoir planté ma mère qui elle, ne bouge pas d’un poil. Puis le haut de sa tête s’agite, de plus en plus, et son crâne explose comme une pastèque trop mûre. Un énorme ver agrippé à ce qui reste de cerveau s’agite, il semble souffrir et crier. Dans un hurlement de rage j’attrape le ver à deux mains et je tire, je tire aussi fort que je peux, jusqu’à réussir à l’extraire du corps de maman, et je me retrouve avec un énorme ver d’un mètre de long qui gigote dans mes bras en crissant, la gueule ouverte avec deux énormes crocs qui cherchent mon visage.
La lutte est brouillonne, je me débats mais je finis par trouver les ciseaux tombés à côté, que je lui plante dans la gueule. C’en est fini. Le corps de maman, sans tête, est tombé inerte sur le sol, et le ver gît à côté, du sang épais et mauve s’écoule de sa blessure. Papa arrive et découvre la scène, il est d’abord médusé, interloqué, puis progressivement la colère le gagne, il se transforme dans des convulsions, ses muscles grossissent, sa tête devient énorme, il va me tuer. J’attrape Max, on s’enfuit dehors, on court dans la rue, mais on est rattrapés par cet immonde papa, et par quelques voisins qui ont surgit de chez eux comme s’ils avaient « senti », dont Marc, qui se transforme aussi en courant. Finalement, est-ce qu’on va s’en sortir ?

Silence

Depuis plusieurs jours, la Terre semble subir une épidémie de zombification. Avec mes parents et mes deux frangins, on a décidé de fuir les grands ensembles urbains pour s’enfoncer un peu plus dans la campagne, dans un endroit plus isolé. On s’est dit qu’il y aurait moins de zombies là où il y a moins de monde.

On a trouvé dans une petite forêt une maison assez bien isolée, assez protégée, sur deux étages, avec des murs bien épais et des volets à toutes les fenêtres. L’endroit est désert, on décide rapidement de s’y installer avec nos quelques provisions. Et miracle, un placard est rempli de conserves. On a de quoi tenir quelques semaines, le temps de trouver des ravitaillements autour.

Plusieurs jours passent sans que l’on ne croise un seul zombie. On reste principalement dans la maison à essayer d’aménager l’endroit qui a dû être abandonné à la va-vite. Je fais pour ma part le tour du domaine, en tournant autour de la maison, à chaque fois un peu plus loin, afin de bien connaître les lieux. Je repère ainsi plusieurs chemins dans les bois, dont un assez important qui ne passe pas très loin de la maison. Au cours de mes rondes, je trouve une hache plantée dans un arbre. Alors que j’essaye de la récupérer (c’est l’idéal pour planter un zombie, un coup de fusil pourrait ameuter du monde) j’entends des bruits qui se transforment en conversation : sur le chemin en contre-bas, un groupe d’un vingtaine de personnes marche sur le fameux chemin. On dirait trois familles qui se déplacent ensemble, tous armés. Ils ne m’ont pas vu. Je retourne en courant vers la maison. Ma mère est en train d’étendre du linge. Je lui dis de tout ramasser et de rentrer immédiatement. « Mais pourquoi ? » demande-t-elle. Je lui réponds « Tais toi, pas de bruit, ne dis plus rien et rentre tout de suite ! ». Elle insiste sans bouger. Pris par le stress, l’angoisse, je m’énerve : « Mais ferme-la, FERME-LA ! Fais ce que je te dis ! ». Je suis surpris ce que je dis. Mais il ne faut pas traîner dehors. Le pire danger aujourd’hui ce ne sont pas les zombies, qui sont peu nombreux et faciles à tuer ; mais les autres hommes. Les autres qui, comme nous, animés par leur instinct de survie, ne pensent qu’à se protéger et se nourrir. Tant pis pour les autres. Et j’ai pas vraiment envie que notre petite bâtisse avec ses provisions ne les attire. On se débrouille très bien sans eux, je ne connais pas leur intentions, donc mieux vaut éviter le contact.

Je pousse donc ma mère dans la maison. Mes deux frangins regardent un dvd (oui on avait de l’électricité). J’éteins l’écran, je leur dis de ne pas faire de bruit. Forcément, ils protestent. Je leur explique en deux mots la situation mais ils réussissent à encore parler. Heureusement pour nous les volets sont déjà tous fermés, par précaution. Je lâche un « la ferme » général et je monte au premier, regarder discrètement par la fenêtre le passage du groupe. Ils parlent tellement fort en marchant qu’ils n’ont pas entendu nos quelques échanges, tant mieux. Ils passent devant la maison sans y prêter attention. Quand à ce moment là, mon plus jeune frère décide de me rejoindre et monte les escaliers, comme à son habitude, c’est à dire comme un éléphant. Je n’en peux plus, je me lève de sous la fenêtre, me dirige vers lui et lui assène une gifle. La surprise le laisse pantois, ce qui me permet de lui chuchoter : « Des gens sont en bas, là. Encore un bruit, ils nous entendent et on est mort. Tu comprends ? ». Il fait signe que oui, complètement abasourdi. « Et pardon pour la gifle ». Je retourne à mon poste d’observation. Merde, ils ont stoppé devant la maison. Ils explorent le petit cabanon en face du chemin. Je tremble, j’espère qu’ils vont vite continuer leur route et ne pas tenter de fouiller la maison. Allez, barrez-vous. Je devrais me baisser mais je ne peux pas m’empêcher de les regarder. Quand une des femmes du groupe (qu’on aurait pu confondre avec un homme) lève la tête dans ma direction. Je me tasse le plus possible. Elle m’a vu j’en suis certain. Et mon père qui arrive derrière moi, debout, sans chuchoter : « Alors, ils sont partis, c’est bon ? ». Là je m’effondre, à quoi bon essayer de se cacher, c’est fini ils nous ont repérés.

Art, Chiens et Trains

On est à Londres, avec toute ma famille. On y passe pas juste des vacances, mais on s’est installé temporairement là, genre 3-4 mois. Nous sommes en banlieue, plutôt campagne. Je passe de plus en plus de temps dans une galerie d’art, qui est aussi équipée d’un atelier. Je n’ai jamais vraiment travaillé de matière brute avec mes mains, et le gérant qui est un jeune trentenaire, un vrai artiste, me propose de travailler dans un coin de son atelier. J’accepte donc. Très vite il m’apporte un gros tronc d’arbre un peu tordu. « Tu vas commencer à partir de là; je vais te le polir, et tu en feras ce que tu veux ». Le lendemain quand je reviens dans la petite maison, la pièce de bois est effectivement bien plus belle, toute polie.

Ellipse.

Voilà j’ai terminé mon « oeuvre ». Je ne sais pas si je suis content, j’ai composé autour du tronc couché avec des matériaux récupérés (métal, tissus, peinture). L’occupant des lieux semble content. D’ailleurs il fait un vernissage ce soir d’une nouvelle expo, il veut mettre ça en pièce centrale. « Pourquoi pas », lui dis-je, persuadé que ce n’est pas de l’art, mais bon.

Mes parents et mes frères m’accompagnent au vernissage, ils sont très fiers. Juste avant d’ouvrir, l’artiste-gérant me demande d’enter seul. Il a en effet invité une cliente qui cherchait depuis longtemps une oeuvre de ce style et elle a tenu à la voir avant, dans l’éventualité de l’acheter. Elle veut me poser des questions. Je suis très étonné, à moitié flatté, et je découvre qu’elle a environ mon âge. Elle veut savoir d’où « tout ça m’est venu ». Je lui dis que je n’en sais fichtre rien. Elle n’arrête pas de tourner autour (ça fait quand même bien 2m de long) en répétant « j’adore, j’adore ». Elle est accompagnée d’une amie plutôt discrète. Je les laisse, je sors un peu.

Le vernissage se passe bien, on boit, on mange, on discute, c’est drôle.

Quand la soirée est terminée, je retourne voir ce rondin déguisé. Et je vois une petite étiquette rouge avec un prix dessus. C’est vendu. 9 500 $, dont 8 300 pour moi (frais de la galerie). J’hallucine. 8 000 dollars dans la poche pour ce truc moche. Je suis complètement fou, je ressors en criant à mes parents l’incroyable nouvelle. Ils n’en reviennent pas non plus, mais estiment que ça doit plaire à certaines personnes. Bin oui, la preuve.

Pendant que je discute un peu avec le gérant, mes parents et frangins partent devant. Et puis dans la rue j’entends des cris, des bruits : Max, le plus petit, est parti plus loin et s’es retrouvé en face d’une meute de chiens errants. Il est encerclé. Ma mère crie, je la rejoins. Il se fait attaquer par les chiens, alors je fonce vers eux en hurlant plus fort qu’ils n’aboient. Ca les fait fuir, et Max a été mordu méchamment. Il lui faut des soins. Toutes les maisons semblent fermées, vides. Je fonce vers un pub un peu plus loin, et avec le stress j’arrive à peine à faire une phrase compréhensible en anglais. Je dis au barman « My brother was.. euh.. bitten by a wolf » (alors que ce sont des chiens, mais je ne savais plus comment dire chien, et qu’importe). Le mec me regarde, il astique son verre. « We have to call an ambulance! » j’arrive à peine à dire, tremblotant. Il me dit qu’il a pas le téléphone mais qu’un autre bar plus loin l’a. Je continue dans cette direction, je me rapproche de rails de chemins de fers, assez nombreux, qui semblent tous converger vers Londres. Une fois dans ce bar une serveuse m’indique le téléphone, derrière un coin. Elle me donne un cure-dent. « Why? » je lui demande. Et là elle m’explique que le téléphone marche sans pièces mais qu’il se coupe au bout de 20s. Si je veux téléphoner plus longtemps je dois coincer la petite roue qui tourne. J’essaie mais c’est vraiment n’importe quoi, impossible de téléphoner, le cure-dent se casse. Je désespère. Je me dis qu’après tout, je peut porter Max à Londres moi-même.

Je vais le récupérer sur le sol, il est conscient mais saigne bien. Je me dirige vers les voies ferrées, et on trouve une sorte de plateau sur rails. On se met dessus et on se laisse glisser vers Londres, comme sur un radeau.

Un anniversaire, Sego & Sarko apportent le gâteau

C’est l’anniversaire de mon père. On est en famille élargie, comprenant oncles tantes cousins etc. En milieu de matinée, une balade s’improvise. Tout le monde a oublié de lui souhaiter son anniversaire. Jusqu’à ce que quelqu’un s’en rappelle. Et la gêne s’installe en chacun de nous, qui venons lui faire une bise, honteusement. Il est vexé bien entendu. Après un moment de silence boudeur, il fini par nous annoncer qu’il a invité quelques personnes. Et quelques instants plus tard, qui arrive ? Nicolas et Ségolène. Ségolène est toute souriante, pincée de voir son concurrent également invité mais jouant le jeu, n’y prêtant que peu d’attention. Sarko râle dans son coin, peste, persifle, mais souhaite tout de même un joyeux anniversaire au paternel.

Nous restons bouche bée, bien évidemment. Les gardes du corps, eux, restent dehors. Et le gâteau arrive, soufflage de bougies, poignées de mains et accolades, le tout dans une drôle d’ambiance à la fois festive, gênée et dérangée par la présence presque intime de deux filous de la politique.

web2.0, trajet de voiture et mère abandonnée

Il est 8h du mat il est temps pour tout le monde de partir à l’école / en cours / au boulot. On habite une maison étroite et haute, ma chambre est tout en haut, sous les combles. J’arrive, je descend, y’a pas le feu. Ah bon on est pressé, bon, très bien.

Tout le monde se retrouve au fur et à mesure que je descends les escaliers. D’abord je croise au premier mon père, qui m’attrape par le bras et commence à me parler de web 2.0. Sur le coup je relève pas et je l’écoute patiemment. Pendant que l’on descend mon plus jeune frère nous double, tandis qu’au rez-de-chaussée ma cousine et ma mère nous attendent. Tout le monde grimpe dans le monospace, quand je me rends compte qu’en fait je n’ai pas cours ce matin. « Trop tard on est parti » me répond ma mère. Et on démarre à fond. Jouxtant la maison, une petite boutique : « Formation aux services web 2.0 ». Tiens. Ah oui, ce dont me parlait mon père. En fait il a monté cette affaire et a besoin de mon aide pour animer sa vitrine. Il veut que je lui imprime des papiers avec des étoiles, genre « Super promo », ou des accroches à ma sauce si je préfère. Et ca me paraît tout naturel.

Bon, on arrive enfin devant l’école de mon frère. Il y a facilement 25mn de voiture, mais bon, il va à cette école, c’est comme ça. On le dépose. Mon père prend le métro à cet endroit, il part bosser. Oui car malgré sa boutique, il a gardé son boulot, faut pas pousser. Ma mère descend de voiture pour discuter avec des parents d’élèves, car elle est présidente d’une association. La barbe, quand elle commence ça n’en finit jamais. Du coup ma cousine et moi restons plantés là. Au bout d’un temps, je m’assieds au volant. « Allez, on rentre à la maison » que je lance à ma cousine. « Banco », répond-elle. Et on démarre.

C’est seulement arrivé devant la maison que je m’aperçois, avec une horreur franche, de ce que je viens de faire : abandonner ma mère qui n’a ni ticket de bus, ni sous pour un taxi, ni autre moyen de rentrer qu’à pied. Et là je pense tout haut : « Borf, en suivant le chemin qu’on fait en voiture, elle ne se perdra pas ».

Là journée se passe sans qu’elle ne rentre à la maison. On déjeune, on s’occupe, le soir mon père rentre du boulot, « Non pas eu le temps de faire tes affiches, en même temps ça va me bouffer toute l’encre de l’imprimante pour pas grand chose », « Non m’man est pas là ». Et puis la porte s’ouvre, elle est rentrée. En la voyant la confusion me gagne, comment ai-je pu faire ça, et pourquoi n’y suis-je pas retourné ? J’essaie de lui parler mais elle m’ignore, je sens presque qu’elle me hait. Silence glacial dans la maison, elle monte se coucher sans manger ni rien. Et là je me sens très con.

Camionnette, snipers et fin du monde

A la suite d’une réunion de famille, je reprends le train à la gare de Bruxelles avec parents, frangins, cousins, oncles et tantes… Elle est circulaire et de l’extérieur pourrait ressembler à un stade. Nous sommes assis contre ses murs, dans une rue qui se termine en cul-de-sac contre la gare, en attendant notre train : l’intérieur est bondé et nous avons plus d’une heure d’avance. Je suis assis entre mon père et ma copine quand je vois passer à toute allure une camionnette noire et qui, dans un silence complet d’ébahissement général, vient s’écraser contre le mur de la gare. Stupéfaction dans la foule, aucune victime sauf les deux passagers qui ont littéralement explosé dans leur cabine. Je suis le premier à dégainer mon portable pour appeler les secours.
– Mince, c’est quoi le numéro en Belgique ?
– Tape le 112 me dit mon père.
Ce que je. Dès le déclic je résume deux phrases l’incident, mais une voix me répond en flamand.
– Non, je parle français. Ik sprecht ne neederlands ! Français !
Un autre déclic, puis une nouvelle voix. Pendant ce temps, je me suis écarté de la fourgonnette et je vois deux policiers au loin, les hèle, leur indique le l’endroit résume à la voix française la situation et précise que deux policiers sont sur place. Je raccroche et rentre dans la gare, quelque chose me turlupine.

Une fois dedans, une image de fourmilière me saute aux yeux. Quelque chose de pas normal dans cette camionnette. Pourquoi s’écraserait-elle à si vive allure contre un mur, si ce n’était pour… Je cours vers l’endroit de l’impact, mais à l’intérieur : une salle vide, et un mur épais comme une feuille de papier. Seulement des tas de caisses sont posées contre, et vu le peu de poussière, c’est tout frais. Une chance. Je retourne à l’extérieur, attrape la chemise de mon père :
– un attentat! C’était un attentat ! La camionnette est bourrée d’explosifs, mais les terroristes se sont tués avant de les activer. Ils voulaient exploser à l’intérieur de la gare !
J’attrape les deux policiers qui sont là, et leur répète la même chose. Terrorisés, ils se ruent sur leurs talkie walkie et appellent brigades, escouades, etc. Un périmètre de sécurité est organisé, mais nous restons dans cette ruelle : les secours y ont installé leur campement pour soigner les blessés légers, avant que l’on connaisse la véritable nature de l’accident. Nous sommes donc rassis quand tout d’un coup une douleur sourde me traverse la tête, je voix rouge, je m’effondre sur le sol.
– on nous tire dessus !
Mon père me regarde, il n’a rien vu, rien entendu.
– Couchez vous ! A terre !
Je fais signe à un cousin assis plus loin, je cherche des yeux le reste de ma famille.
Une autre balle est tirée et vient rebondir sur la camionnette. Cette fois tout le monde a entendu. Je regarde dans la direction opposée : au bout de la ruelle, un carrefour. Au centre du carrefour, un hôtel. Au deuxième étage, un sniper. C’est la bousculade pour sortir de cet endroit. J’attrape ma copine par le bras et nous courons vers le carrefour, étant donné que ce n’est que la seule sortie possible. Les flics sont dépassés. Au fur et à mesure que l’on s’approche de l’hôtel, je distingue de mieux en mieux le tireur : un homme très grand, cheveux longs blonds presque blancs, torse nu. Il saute du balcon, fusil à la main, et se dirige vers la ruelle. Il est suivi d’un autre gars, type asiatique, tout aussi grand. Ils marchent au travers de la foule sans se soucier d’elle. Plus loin, je vois un groupe de policiers et leur fait la description des deux individus. Ils foncent dans leur direction, arme au poing.

Pendant ce temps, c’est la fuite. La cohue. L’anarchie : je croise de plus en plus de types avec une arme à la main, qui commencent à s’en prendre à la population. Mais l’horreur se révèle quand je vois, au loin, une brigade de police abattre des individus désarmés, désorientés, perdus. Je décide subitement de ne plus courir sur la route, mais de passer derrière les maisons qui la bordent. Un regard vers ma copine suffit pour comprendre qu’elle aussi a saisi la situation. Nous arrivons à un immeuble en chantier, il n’y a pas d’autre moyen que de passer par la construction. C’est à ce moment que je sens qu’on est suivi. On monte au premier, en se cachant le plus possible dans les outils et matériaux abandonnés. Je vois alors un de ces grands types aux cheveux longs, en bas, cherchant quelque chose ou quelqu’un. Quand d’un coup il lève les yeux vers nous : c’est là que je vois ses pupilles, rouge sang, et le blanc de ses yeux devenu bleu. C’est là que je me souviens.

Flashback.
Quelques mois plus tôt, je suis à l’entrée d’un temple millénaire, découvert par mes soins, mais pour un but particulier : ma mission consistait à retrouver des pierres pour un richissime individu. Sur ses indications j’ai découvert l’endroit, mais pas l’utilité des pierres. On aurait dit de vulgaires cailloux sans forme, mais à l’intérieur brillait un éclat vert, parfois rouge, parfois bleu. C’est lors de leur livraison que j’en ai appris davantage : à cause d’une maladresse d’un garde de mon client, et par association avec ce que je savais du temple, j’ai pu en déduire que ces pierres étaient en fait de puissantes drogues utilisées par des sortes de chaman pour leurs transes. Ce que je ne savais pas c’est qu’elles modifient le métabolisme de l’individu et qu’elles plongent tous ceux qui y ont goûté dans un environnement communautaire et bestial fort, presque télépathique. Et ce, de manière permanente. De sorte que ce type pour qui je suis allé chercher ces pierres a pu infiltrer toutes les forces, toutes les administrations, tous les groupes armés en distribuant un peu de poudre de pierre à quelques individus choisis. Et voilà la révolution, à l’insu du peuple, lequel est peu à peu éliminé par cette nouvelle race dévastatrice.

Le soir est tombé, et je lis dans les yeux de cet être le sentiment de victoire. Et quand j’observe au loin tous ces brasiers, quand je comprends que je suis peut être le seul à connaître réellement la situation, je me demande sincèrement comment on va sortir de là.

Sport collectif

Coup de sifflet de l’arbitre, la partie est engagée. Je me retrouve au beau milieu d’une piscine municipale dont la hauteur de l’eau ne dépasse pas les 50cm. Le bassin est noir de monde, on se croirait dans un album de Où est Charlie.

Pas besoin de comprendre les règles, je les connais déjà : deux équipes s’affrontent dans une sorte de water-rugby, avec comme ballon… un bon gros savon de Marseille. Le but est de caser ce savon dans le mur du camp adverse, avec interdiction de marcher ou courir avec. Ce qui explique que la piscine soit pleine de participants, afin de maximiser les passes. Je reconnais une bonne partie de ma famille, amis, collègues, on doit compter une trentaine de personnes par équipe. Bon, pas une minute à perdre, il faut récupérer le savon qui déjà a disparu. Entre les petits groupes désintéressés qui discutent entre eux, ceux qui courent en raclant le sol afin de trouver l’objet de toutes les convoitises et les gardiens multiples qui tentent de diriger les éclaireurs, on ne ditsingue pas grand chose de ce mouvement continu de dizaines d’individus. Je cours vers le centre du terrain et plonge la tête la première. Le sol glissant me fait parcourir quelques mètres à plat ventre, à fleur d’eau, tandis que mes mains attrapent par hasard le fameux savon. En un éclair je me relève et le dissimule au camp adverse, tout en cherchant un coéquiper ayant repéré l’action. Car le moins que l’on puisse dire de ce jeu, c’est que malgré tout l’individualisme prime. Bref, ne trouvant personne de suffisament proche, je lance le savon au loin, vers le goal adverse. Leurs éclaireurs m’ont vu et courent à sa poursuite, tandis que j’ai déjà bondi et renouvelle ma glissade expresse. Quel lancé, il m’attérit dans les mains 30m plus loin. Un exploit. Je n’ai que quelques instants pour me relever et placer le savon dans son emplacement, un porte-savon en réalité. Le goal tente de boquer mon tir, un adversaire m’attrape une jambe, mais je fais mouche : le bloc massif vient s’écraser directement dans son étroit logement, faisant marquer une poignée de points à notre équipe. Et pas le temps de souffler, l’arbitre a déjà relancé un nouveau savon au centre du terrain.

Le scarabée domestique

Je me réveille dans une chambre d’hôtel d’un pays étranger. En vacances. En famille. Je partage la chambre avec mon frère, qui a déjà a rejoint le buffet du petit-déjeuner. Pour ma part, je préfère profiter d’un bon bain dans la une baignoire en forme de coquille Saint-Jacques. En sortant, je trouve près du mini-bar un assortiement de housses de protections pour PSP. Chaque jour le personnel de l’hôtel propose un nouvel assortiment. Aujourdh’ui, certaines ont le prix indiqué dessus, d’autres sont assorties d’un autocollant sur lequel est écrit à la main « free – gratis ». Tiens, pourquoi pas, mais il faudrait que je vérifie auprès de la réception de leur véritable gratuité. Après avoir enfilé un short et m’être aperçu que je n’ai plus de t-shirt à mettre, je rejoins ma faille dans le hall ensoleillé. Et sans le moindre étonnement, je m’écrie en découvrant mes deux frangins fixant un point blanc sur le sol :

– Il a éclos ! C’est super !

Notre scarabée domestique vient de naître. Attaché au bout d’une laisse ‘maison’ en ficelle, il est encore pâle. Ce n’est qu’un nouveau né.

J’en profite pour faire part mon besoin assez imminent de t-shirt, et nous décidons de partir tous els cinq dans la rue qui surplombe l’hôtel, trouver de quoi me vêtir le torse mais aussi promener notre nouveau compagnon.


C’est moi qui tiens la ficelle. Comme il est encore jeune, il n’exprime pas de forte résistance, et je me surprends même à marcher plus vite que lui. « Mince, me dis-je, si je marche trop vite je risque de lui casser les pattes » et décide donc de réduire l’allure. Malheureusement, le jeune animal trébuche quelques mètres plus loin.

– Que se passe-t-il, s’enquit mon frère.

– Je ne sais pas, on dirait qu’il s’est coincé la tête dans un truc métallique.

Et voilà que notre jeune scarabée blanc grossit et devient une statue de métal, brillant et immobile, tout en se décomposant en plusieurs morceaux : pattes, corps, tête, cornes… Je ramasse le tout et m’installe sur un banc, dans l’espoir de le remonter, tel un Lego. Car si je ne parviens pas à réimbriquer toutes les pièces à temps, le pauvre insecte risque de rester ainsi à jamais… Et pendant ce temps, les autres vont dan la boutique de t-shirt, m’en choisir un qui demain ne pourra pas être réutilisé.