Famille, aliens, invasion

Je suis avec mon plus jeune frère, Max, chez mes parents. On est plus jeunes qu’aujourd’hui. Avec Max, on trouve que le comportement de papa et maman est de plus en plus étrange. On finit par se rendre compte qu’ils sont possédés par une sorte d’entité alien. Ils veulent nous forcer à rejoindre le groupe, ce que nous refusons. Nous sommes prisonniers à la maison, nous ne pouvons plus en sortir, ils nous retiennent, et dès qu’on s’approche de la porte d’entrée ils nous attrapent avec force et des gros muscles, leur tête change complètement, nous sommes terrifiées.

J’essaye par tous les moyens de contacter l’extérieur pour appeler à l’aide ; mon premier réflexe est d’envoyer des messages à des inconnus sur Internet, en leur demandant d’appeler la police pour moi, car je ne peux pas téléphoner. Mais j’ai beaucoup de difficulté à donner notre adresse exacte : je ne me rappelle pas du numéro ni de la rue, c’est très compliqué. Je finis par réussir à envoyer un message. Mais les gens ne me croient pas.
Autre stratagème, j’essaye d’alerter des passants mais ça ne marche pas ; les gens me regardent sans rien dire, comme si j’étais fou à lier. Je profite d’un moment nous sommes obligés de tout sortir ensemble pour des courses et nous croisons un camarade de classe. J’essaye d’attirer son attention, mais maman l’attrape et le contamine aussitôt, avec un regard qui veut dire « Essaye encore, mais je gagne à chaque fois ». Je me dis que c’est foutu, je suis résigné.

Un jour j’ai fini par réussir à sortir de la maison à force de nombreux essais, et j’appelle, désespéré, le voisin d’en face. Marc ! Marc ! Mais il ne répond pas. Alors j’essaye de lui téléphoner depuis une cabine à proximité, il décroche, je suis sauvé ! Je lui explique la situation, je lui dis d’appeler la police, de venir nous chercher, mais ça ne l’intéresse pas et il raccroche. Je suis dépité. C’est alors que le miracle se produit : une voiture de ronde de police passe dans la rue à ce moment là. Je me vautre sur leur capot, les sommes d’arrêter mes parents pour maltraitance, ça n’est plus eux, ils sont différents. Les policiers sceptiques viennent à la maison. Regard noir de mon père mais sourire mielleux aux policiers qui évidemment n’y voient que du feu et me disent de rentrer sagement et d’arrêter de jouer aux jeux vidéo.

Il ne me reste qu’une seule solution : les tuer.

Alors que j’avais déjà plusieurs fois essayé de les attaquer, leur force colossale m’avait systématiquement mis au tapis. Cependant, un soir, je parviens à discrètement voler une paire de ciseaux qui trainait sur la table de la cuisine. Je la serre fort dans la main à m’en entailler la peau. C’est ma chance, ma dernière chance. M’man est assise à la table de la cuisine. Je m’approche. Dou. Ce. Ment. Et en un battement de cils les ciseaux sont plantés sur le dessus du crâne, qui semble être le point faible. Deux interminables secondes s’écoulent pendant lesquelles je reste tétanisé d’avoir planté ma mère qui elle, ne bouge pas d’un poil. Puis le haut de sa tête s’agite, de plus en plus, et son crâne explose comme une pastèque trop mûre. Un énorme ver agrippé à ce qui reste de cerveau s’agite, il semble souffrir et crier. Dans un hurlement de rage j’attrape le ver à deux mains et je tire, je tire aussi fort que je peux, jusqu’à réussir à l’extraire du corps de maman, et je me retrouve avec un énorme ver d’un mètre de long qui gigote dans mes bras en crissant, la gueule ouverte avec deux énormes crocs qui cherchent mon visage.
La lutte est brouillonne, je me débats mais je finis par trouver les ciseaux tombés à côté, que je lui plante dans la gueule. C’en est fini. Le corps de maman, sans tête, est tombé inerte sur le sol, et le ver gît à côté, du sang épais et mauve s’écoule de sa blessure. Papa arrive et découvre la scène, il est d’abord médusé, interloqué, puis progressivement la colère le gagne, il se transforme dans des convulsions, ses muscles grossissent, sa tête devient énorme, il va me tuer. J’attrape Max, on s’enfuit dehors, on court dans la rue, mais on est rattrapés par cet immonde papa, et par quelques voisins qui ont surgit de chez eux comme s’ils avaient « senti », dont Marc, qui se transforme aussi en courant. Finalement, est-ce qu’on va s’en sortir ?

Effondrement et fuite spatiale en cocon

C’est arrivé d’un coup. Plus d’électricité, plus d’eau, plus de communications, plus rien. D’un coup. Comment survivre dans ce chaos ? Il y a des gens un petit peu partout qui ont pacté leurs valises dans leur voiture, se préparent à partir, mais je ne sais pas exactement où ils vont. Ont-ils entendu que la situation est meilleure ailleurs ? Nous on décide de rejoindre ce qui était prévu depuis le début, à savoir une sorte de base spatiale dont nous avions entendu, quelques mois avant cet effondrement, qu’ils recherchaient des volontaires. Quitte à ce que tout s’écroule, autant y aller à fond.

Nous arrivons sur place en voiture avec d’autres personnes embarquées en chemin, et nous voyons aligner différents bâtiments étranges, des sortes de vaisseaux métalliques, mais sans rampe de lancement. On nous débarrasse de toutes nos affaires, de tous nos vêtements, et nous enfilons des combinaisons. Ça ne traîne pas. Nous passons ensuite dans une sorte de salle d’essai, de tests, pour apprendre à manipuler quelques contrôles. L’une des personnes du groupe est réfractaire à ces essais, mais un membre du centre lui dis qu’il vaut mieux savoir gérer les situations diverses en apesanteur, car nous allons y être probablement pour quelques années. En effet, la lumière s’éteint, et nous flottons alors dans le vide. Apparaît devant nous une sorte de tableau de bord géant, puis une chaise, et nous essayons de nous asseoir dessus. Sur le tableau on peut contrôler la gravité. Tout cela est en fait artificiel, il s’agit juste d’une représentation dans notre esprit, car ces objets n’existent pas. En effet, ce ne sont pas des fusées, mais ce sont des cocon. C’est cocon vont nous permettre de vivre de nombreuses années en mode léthargique, tout en ayant une stimulation du cerveau qui va nous faire croire que nous partons de la terre, en fusée. Mais en réalité on restera ici et le monde s’effondrera paisiblement autour de nous, tandis que nous serons bien protégés, dans nos cocon. Tout leur plan repose sur le fait que nous allons peut-être pouvoir sortir de ces cocon, dans quelques centaines d’années, quand la Terre ira mieux.

Finalement, c’est assez déprimant, mais c’était soit ça, soit le suicide. En rentrant dans le cocon, je me demande pourquoi davantage de monde n’a pas choisi cette solution qui me semble être la moins pire. Mais à bien y réfléchir, au moment où la lumière s’éteint, je me dis que cette solution est la pire car il est fort probable que nous ne sortirons jamais de ce cocon et que ce qu’il reste d’espèce humaine à savoir nous, vive à jamais dans un rêve, à manipuler un tableau de bord pour ajuster la pesanteur d’un voyage spatial imaginaire.

Nouveau régime politique et rafle

C’est pendant l’hiver que les choses se sont gâtées. Jusqu’à présent, les quelques groupes extrémistes étaient certes inquiétants mais ne représentaient pas de menace concrète. Dans notre vieux quartier où une vie paisible se déroulait, nous nous sentions à l’abri des passages à tabac dont nous avions vaguement écho. À l’université où nous étudions, on parlait peu des affaires politiques. Seul un petit groupe de jeunes au crâne rasé et aux bottines de cuir menaient une sorte de propagande passive en tractant et affichant des mots comme « Révolution ». Mais nous n’y prêtions pas attention.

Julia louait une chambre au-dessus d’une petite épicerie typiquement polonaise. Ma famille était à la campagne et je logeais chez un cousin en ville. Mais je passais la plupart du temps chez Julia, dans cette petite chambre sombre mais haute de plafond. L’unique fenêtre donnait sur un muret servant de renfort à la ligne de chemin de fer qui passait juste au-dessus. Les heures étaient rythmées par le bruit des trains crissant au-dessus de la maison et faisant trembler les quelques bibelots. Malgré cela, Julia avait aménagé sa chambre avec soin, encadrant des photos de nous, affichant des posters de voyages fantasmés et idéalisés.

Un soir du mois de novembre, nous entendîmes les crieurs de rue rameuter la population vers la mairie. Un événement a eu lieu et les citoyens sont priés de s’y rendre pour en être informés. Nous avions un mauvais pressentiment. Julia eut une idée qui me sauvera la vie. Elle ouvrit la porte, grimpa au pallier de l’étage du dessus et attrapa dans l’encolure du manteau du commis de l’épicerie une petite capsule. Il s’agit d’une copie des papiers d’identités, que chacun est censé porter au niveau de la nuque. Elle remplaça ainsi la capsule de ma gabardine. Et nous nous mirent en route.

Arrivés à la mairie, un attroupement nous avait précédé. La foule agitée s’était rassemblée près d’une estrade installée à la hâte, sur laquelle le maire, pantois, tentait de tempérer les protestations. Il finit par attraper le micro qu’on lui tendait et annonça, sans circonvolution, sa démission. Tonnerre dans l’assemblée. Pourquoi ? Comment ? Un homme blond, chemise brune, cravate noire rentrée à mi-chemise, pris le micro. Il annonça un coup d’état à échelle nationale, à effet immédiat. Qu’il n’y avait aucune crainte à avoir et que tout continuerait comme avant. Julia et moi n’étions pas sereins. Nous décidâmes de nous éclipser mais notre retraite fut brutalement interrompue par un grand gaillard, accoutré de la même façon que le type au micro. Nous l’avions croisé quelques fois à l’université, il faisait partie des colleurs d’affiches. Mais cette fois il n’avait rien de passif. Il me saisit par l’encolure du mon manteau de sa grosse main gauche, m’étranglant presque en me retenant. Je ne pouvais lutter contre sa force. Julia lui frappait le bras mais avec autant d’effet qu’une mouche qui importune un bovin. De sa main libre, il scanna ma capsule, un sourire pervers scotché sur le visage. Mais il parut soudain terriblement déçu. « Commis d’épicerie » lit-il sur son scanner. « Rien à signaler, pourtant j’aurais parié que tu étais un sale… » Julia profita de son désarrois pour me glisser tout bas « Vite, filons ! ». Je me dégageais sans peine et attrapant Julia par la main nous traversâmes la foule. Alors que nous atteignions la rue, le grand gaillard cria aux autres chemises brunes « Rattrapez-les ! Ils ont dû brouiller leurs capsules ! ». Nous profitions de la pénombre pour nous glisser dans les ruelles sans lumières.

Après presque une demi heure de détours en faisant attention de ne pas être suivis, nous arrivons chez Julia. Essoufflés, apeurés, nous échangeons un regard. Nous n’avions pas parlé depuis la mairie. En refermant la porte, je me rends compte que nous sommes à une adresse identifiée ; l’adresse de Julia est renseignée dans le registre municipal. S’ils nous cherchent, ils nous trouveront. « On doit s’enfuir », je lui dis. « Il faut quitter cette ville, c’est trop dangereux ». Julia semble perdue : « Mais pour aller où ? Notre vie est ici ! ». Je réfléchis à toute vitesse. Au loin, j’entends les crissements des rails annonçant le passage imminent d’un train. « Prenons le premier train ! On monte en marche, il nous amènera à l’autre bout du pays, dans la campagne. Là-bas, nous serons en sécurité ». Le visage de Julia s’éclaire ; elle trouve l’idée bonne. Mais il faut brouiller les pistes. J’entreprends de rassembler quelques effets personnels qui traînent dans la chambre et d’en détruire une partie ; le reste, hop, dans un sac. Pendant ce temps, Julia consulte sur son ordinateur multi-écrans des informations concernant les régions campagnardes : villages, densité de population, arrêts desservis par le train. De mon côté, je me suis attaqué aux disjoncteur électrique, qui ressemble à un jouet en bois pour enfant. Je retirer des cube, des triangles, j’inverse des blocs de place. Il ne me reste plus que le cube relié à l’ordinateur. « Vite Julia, je vais couper ! ». « Un instant, je note juste les dernières stations… ». Tandis qu’elle griffonne à la hate des mots sur un papier, la main sur le cube, je m’apprête à le retirer quand soudain : BOOOOM, BOM BOM !

La porte. Elle vient de trembler comme jamais. Nous sommes pétrifiés. Toujours la main sur le cube, je porte tout doucement mon doigt sur les lèvres pour faire signe à Julia de… ne… pas… faire… un… bruit. Je descends de mon escabeau et colle l’oreille à la porte. Aucun doute, on s’affaire derrière. Ce que l’on vient d’entendre n’était pas une sommation, non ; c’était tout simplement un bélier ! On veut enfoncer la porte !

Je saute sur l’escabeau, finit de saboter le disjoncteur, presse Julia vers la fenêtre et l’ouvre en grand. Un souffle glacial s’engouffre dans la pièce devenue sombre. Tandis que Julia ajuste son écharpe, je crie « Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? ». Aucune réponse. Je porte Julia sur le rebord de la fenêtre et elle grimpe par l’échelle de secours jusque sur le toit. De là, elle pourra atteindre la voie de chemin de fer. J’attends qu’elle soit en haut pour m’élancer à mon tour. Au moment où je mets un pied sur l’échelle, un nouveau BOOOOOM retentit dans la chambre. Ils insistent. La porte ne va pas tenir longtemps. Mais nous aurons fui. Le train que nous entendions tout à l’heure est déjà loin mais nous attraperons le prochain. En attendant, nous courrons sur les rails dans la nuit. La neige commence à tomber. Le froid nous glace les os plus vite que je ne l’aurais pensé. Nous devons continuer. Nous ne devons pas nous arrêter. Sinon, c’est la fin. Il faut. Poursuivre. Nous devons. Nous…

Dans la cage d’escaliers, le silence règne. Puis, doucement, une main s’appuie sur l’extérieur de la porte de Julia. Avec difficulté, une ombre se redresse. En se relevant, elle provoque un nouvel écroulement et un nouveau BOOOM retentit. Cette ombre, c’est le commis, qui pour préparer les étals de demain matin avait voulu prendre de l’avance et ramenait du stock depuis la remise au grenier. Lorsque le disjoncteur a fait sauter la lumière de la cage d’escaliers, il s’est pris les pieds et est lourdement tombé avec sa marchandise, s’écrasant contre la porte de Julia.

Silence

Depuis plusieurs jours, la Terre semble subir une épidémie de zombification. Avec mes parents et mes deux frangins, on a décidé de fuir les grands ensembles urbains pour s’enfoncer un peu plus dans la campagne, dans un endroit plus isolé. On s’est dit qu’il y aurait moins de zombies là où il y a moins de monde.

On a trouvé dans une petite forêt une maison assez bien isolée, assez protégée, sur deux étages, avec des murs bien épais et des volets à toutes les fenêtres. L’endroit est désert, on décide rapidement de s’y installer avec nos quelques provisions. Et miracle, un placard est rempli de conserves. On a de quoi tenir quelques semaines, le temps de trouver des ravitaillements autour.

Plusieurs jours passent sans que l’on ne croise un seul zombie. On reste principalement dans la maison à essayer d’aménager l’endroit qui a dû être abandonné à la va-vite. Je fais pour ma part le tour du domaine, en tournant autour de la maison, à chaque fois un peu plus loin, afin de bien connaître les lieux. Je repère ainsi plusieurs chemins dans les bois, dont un assez important qui ne passe pas très loin de la maison. Au cours de mes rondes, je trouve une hache plantée dans un arbre. Alors que j’essaye de la récupérer (c’est l’idéal pour planter un zombie, un coup de fusil pourrait ameuter du monde) j’entends des bruits qui se transforment en conversation : sur le chemin en contre-bas, un groupe d’un vingtaine de personnes marche sur le fameux chemin. On dirait trois familles qui se déplacent ensemble, tous armés. Ils ne m’ont pas vu. Je retourne en courant vers la maison. Ma mère est en train d’étendre du linge. Je lui dis de tout ramasser et de rentrer immédiatement. « Mais pourquoi ? » demande-t-elle. Je lui réponds « Tais toi, pas de bruit, ne dis plus rien et rentre tout de suite ! ». Elle insiste sans bouger. Pris par le stress, l’angoisse, je m’énerve : « Mais ferme-la, FERME-LA ! Fais ce que je te dis ! ». Je suis surpris ce que je dis. Mais il ne faut pas traîner dehors. Le pire danger aujourd’hui ce ne sont pas les zombies, qui sont peu nombreux et faciles à tuer ; mais les autres hommes. Les autres qui, comme nous, animés par leur instinct de survie, ne pensent qu’à se protéger et se nourrir. Tant pis pour les autres. Et j’ai pas vraiment envie que notre petite bâtisse avec ses provisions ne les attire. On se débrouille très bien sans eux, je ne connais pas leur intentions, donc mieux vaut éviter le contact.

Je pousse donc ma mère dans la maison. Mes deux frangins regardent un dvd (oui on avait de l’électricité). J’éteins l’écran, je leur dis de ne pas faire de bruit. Forcément, ils protestent. Je leur explique en deux mots la situation mais ils réussissent à encore parler. Heureusement pour nous les volets sont déjà tous fermés, par précaution. Je lâche un « la ferme » général et je monte au premier, regarder discrètement par la fenêtre le passage du groupe. Ils parlent tellement fort en marchant qu’ils n’ont pas entendu nos quelques échanges, tant mieux. Ils passent devant la maison sans y prêter attention. Quand à ce moment là, mon plus jeune frère décide de me rejoindre et monte les escaliers, comme à son habitude, c’est à dire comme un éléphant. Je n’en peux plus, je me lève de sous la fenêtre, me dirige vers lui et lui assène une gifle. La surprise le laisse pantois, ce qui me permet de lui chuchoter : « Des gens sont en bas, là. Encore un bruit, ils nous entendent et on est mort. Tu comprends ? ». Il fait signe que oui, complètement abasourdi. « Et pardon pour la gifle ». Je retourne à mon poste d’observation. Merde, ils ont stoppé devant la maison. Ils explorent le petit cabanon en face du chemin. Je tremble, j’espère qu’ils vont vite continuer leur route et ne pas tenter de fouiller la maison. Allez, barrez-vous. Je devrais me baisser mais je ne peux pas m’empêcher de les regarder. Quand une des femmes du groupe (qu’on aurait pu confondre avec un homme) lève la tête dans ma direction. Je me tasse le plus possible. Elle m’a vu j’en suis certain. Et mon père qui arrive derrière moi, debout, sans chuchoter : « Alors, ils sont partis, c’est bon ? ». Là je m’effondre, à quoi bon essayer de se cacher, c’est fini ils nous ont repérés.

Disneyland, épidémie, zombies

Par une chouette journée de printemps, je me suis rendu à Disneyland avec quelques amis dont @ff_ff. Comme il y a du monde on va plutôt vers le fond du parc. Plus on avance moins il y a foule, jusqu’à arriver à un endroit que je ne connaissais pas chez Mickey. Il s’agit d’une attraction avec des acteurs : certains jouent les zombies, d’autres les cow-boys et doivent dézinguer ces faux zombies. Deux acteurs font patienter les gens dans la file d’attente en jouant une scène : le faux zombies fait comme s’il avait une crise, le cow-boy pointe son pistoler et tire des balles à blanc. Le faux zombie tombe dans un râle, le public applaudit. Puis il se relève et refait mine d’avoir une crise d’accès de zombification. Le cow-boy tire à nouveau mais ça ne change rien. L’acteur zombifié fait une drôle de tête, il a l’air surpris de son rôle si bien joué… Et puis du sang presque noir commence à couler de sa bouche, sa peau tombe en lambeaux : il devient un zombie pour de bon ! Le cow-boy horrifié tire désespérément ses balles à blanc avant de se faire mordre par le zombie. Cris de panique dans la foule. Mouvement de recul massif. Pas d’autre choix que la fuite. Chacun court vers l’entrée du parc, sacrément loin quand même. En me retournant je vois @ff_ff se faire bouffer. Pas beau à voir mais il ne faut pas s’arrêter. Tout le monde autour de moi se fait croquer tour à tour, l’épidémie va plus vite que la foule.

Je me réfugie dans une attraction, où je remonte les couloirs mal éclairés (ambiance pirates ou un truc comme ça). J’arrive finalement dans une salle de contrôle, où déjà se sont réfugiés d’autres visiteurs. Il y a parmi nous un garde qui ouvre une armoire pleine d’armes et procède à une distribution. Nous fermons les deux portes d’accès avec des chaînes. On commence à peine à se calmer quand on en entend tambouriner à l’une des portes : on pense d’abord que ce sont les zombies, mais on entend une petite voix faiblarde. Une petite fille ! Tant bien que mal on lui ouvre la porte pour la laisser entrer, poursuivie par les zombies. L’un d’entre nous tire quelques coups de feu par l’ouverture mais très vite on lui dit d’arrêter : le bruit va rameuter les autres.

Situation de crise dans ces 30m2. Nous sommes a priori encerclés. J’explique rapidement à la petite fille comment se servir de son pistolet puis nous formons deux groupes : nous ne sommes pas d’accord sur la sortie à choisir. Deux portes, deux groupes : nous sommes tous conscients que tout le monde n’y survivra pas. On ouvre les portes.

Morsure de zombie

Apocalypse. La Terre est dévastée par un virus qui touche la race humaine comme une trainée de poudre. Ca fait des heures que je cours au milieu de la nuit, me cachant parfois derrière un mur, un buisson, une porte cochère… Ils sont partout. Ils sont rapides. Nous sommes peu.

Les zombies ont besoin de chair fraîche. Et pourtant, une bouchée leur suffit. Une fois mordu, le pauvre survivant devient l’un des leurs, avec une oreille en moins, ou un trou au bide. Ils se regroupent autour de feux de poubelles pour se réchauffer. Et moi je la cherche. Je sais qu’elle est encore en vie. Je dois la retrouver. J’arrive à un carrefour. Au coin, un terrain vague qui servait de terrain de basket accueille une quainzaine d’entre eux. Ils ne m’ont pas vu. Je recule et me blottis contre le mur. Quand soudain je heurte quelque chose, ou plutôt quelqu’un : un petit groupe de 3 survivants se terre là. Ils sont apeurés. Je reconnais l’un d’eux : mon boss. Je leur propose de me suivre, je sais qu’il y a plus loin une grosse bâtisse capable de nous abriter. Ils acceptent. Voilà le plan : il va falloir courir vite, très vite, on ne peut que passer devant eux. Ne pas se retourner.

Nous nous élançons dans le froid. Le sans monte rapidement au tempes. J’ai pris la tête et nous amorçons notre virage dans le carrefour. Les zombies lèvent la tête, nous voient, nous suivent. Je vais tellement tellement vite que mon virage est trop large, je heurte un grillage en U. Pas le temps de faire demi tour pour le contourner, je grimpe sur une poubelle et l’enjambe. Mes compagnons sont moins chanceux. Ils n’arrivent pas à sauter de la poubelle au haut du grillage. La vingtaine de zombie les a rejoint. Ils se ruhent dessus. Dans des cris horribles, je constate leur transformation, quelques morceaux de chair en moins. Je repars aussi vite que je peux.

Après de longue minute, à bout de souffle, je m’arrête en haut d’une rue déserte. Et je la vois, la fameuse bâtisse. Je ne sais pas comment je la connais, mais j’entre. Personne au rez-de-chaussée. Personne au premier. Reste l’étage. On dirait qu’il est barricadé. Il fait noir, et pourtant je perçois deux corps : deux rescapées tentent de se faire oublier, pensant que je suis un zombie. Rapidement, je les rassure tandis que nous cloisonnons l’étage. Je m’écroule ensuite de fatigue.

Au petit matin, je constate que ma course folle m’a entraîné de Paris à Lille (en une nuit!). Pas plus étonné que ça, je regarde par la fenêtre. Des groupes de zombies errent partout. Et des enfants. Plein d’enfants qui se rendent à l’école. Etrangement, ils sont insensibles au virus. J’apprends alors par l’une des deux femmes que le gouvernement a décidé de les renvoyer à l’école, puisqu’ils ne craignent rien. Elle n’est pas loin, me dis-je. De là, je me vois à la fenêtre, la vision s’élargit sur le quartier, et en contre-bas se trouve une école. La caméra plonge vers la cour, et je la vois : une petite fille, 4 ans, emmmitouflée dans son manteau d’hiver, avec son bonnet qui recouvre ses couettes… Elle est triste et se demande où sont ses parents. Et moi je la cherche désespérement.

Sans raison apparente

Tout débute dans une vaste salle de spectacle. Un type derrière moi m’empêche d’en profiter en parlant fort, en s’exclamant bruyamment. Après avoir soufflé plusieurs fois « Silence ! » sans succès, je me retourne et lui demande de bien vouloir cesser. Là il s’emballe complètement et quitte la salle sur le champ. Je suis bien content sauf qu’il crée un esclandre en partant, du coup les vigiles l’arrêtent. Il se montre suffisamment violent pour que la police doive l’embarquer.

Sur le trajet qui le conduit au poste, il agresse le policier assis sur la banquette arrière à côté de lui. Le chauffeur, qui ne s’y attendait pas, est pris par surprise par le type enragé. Ce dernier préfère en finir plutôt que d’être emprisonné. Alors que la voiture roule sur un pont géant, le gars parvient à donner un coup de volant et la voiture traverse la rambarde, pour s’abîmer cent mètres plus bas, dans le fleuve. On ne les retrouvera jamais. L’un des deux policiers venait d’être père.

Quelques jours plus tard, une jeune femme et son père fond du ski de fond dans la forêt de la ville, pas loin du pont. Ils profitent du paysage calme et blanc, parsemé des tâches noires d’une végétation d’hiver. La jeune femme reconnaît en fait l’endroit… il s’agit du lieu de tournage d’un film passé récemment. Folle de joie, elle prend de la vitesse, et de l’avance sur son père. Elle disparaît derrière un virage, en riant. Puis le silence gagne la route enneigée. Le père peine un peu à rejoindre le virage, quand d’un coup il la voit débouler en sens inverse, effrayée, le visage déchiré par la peur. « Vite ! Aaaah ! Viiite ! » hurle-t-elle. Elle pousse sur ses bâtons comme une dingue, rejoint son père, arrêté, qui ne comprend pas, le double et s’enfuit par la forêt clairsemée. Du virage surgit alors un énorme 4×4, monté d’une tourelle de tir. Un homme à lunettes noir est debout derrière la mitrailleuse, vise le vieux et tire. Ce dernier a le réflexe de se jeter dans la neige et évite la première salve. La fille hurle en entendant les tirs mais ne se retourne pas, elle fonce vers une haie. Elle n’entend que le râle de son père, fauché par les balles. Elle déchausse alors ses skis et tente de grimper sur la barrière quand elle remarque qu’un fil électrique court tout du long. Horreur, un deuxième 4×4 arrive par la droite. Elle abat alors le haut de la barrière avec ses skis, grimpe par-dessus et court tout droit, vers des monticules géométriques. Derrière se trouve la route, pense-t-elle, elle sera alors sauvée. Mais pour y parvenir, il faut grimper sur ces étranges ballotins de paille. Électrifies eux aussi. C’est alors que débute l’incroyable parcours douloureux, s’électrocutant à chaque prise. Mais c’est le seul moyen de leur échapper. Quand elle atteint le haut du premier tas, elle comprend qu’elle peut s’en tirer à condition de sauter de pile en pile. Sans tomber. Les tirs de balles fusent. Elle s’élance…

Monde parallèle, Krusty et usine préfabriquée

Dans un vaste réfectoire, nous nous dirigeons par petits groupes vers les tables libres, filtrés par des gardiens armés. Sans vraiment trop savoir comment ni pourquoi nous sommes là, nous choisissons une table de six avant qu’elle ne soit prise. Et puis, c’est la distribution : un plateau comprenant un bol de soupe grise, un bout de pain et quelques fruits sec.
Non, nous ne sommes pas prisonniers. Dans notre esprit, nous vivons dans ce monde depuis un certain temps, mais nous n’avons pas de calendrier. Dans la foule je repère quelques têtes connues, qui m’évoquent difficilement une « vie d’avant », mais impossible de me remémorer quelque souvenir.

La sortie s’effectue dans le même ordre que l’arrivée. En me retournant pour regarder le grand hangar, un déclic s’opère alors dans mon esprit ; sur le haut du bâtiment surplombe une enseigne : un clown jaune aux cheveux verts, qui dit ceci : « Krusty vous souhaite un bon appétit ». C’est alors que je remarque que les gardes portent tous un masque de ce clown souriant bêtement. Nous sommes dans un monde dirigé par Krusty le clown. C’est à ce moment qu’arrive une jeune fille près de moi :
– Je vois que tu as compris, nous sommes plusieurs dans ce cas. Mais nous ne pouvons rien faire, toi seul peut nous aider.
– Mais de quoi tu parles ?
– Moins fort ! Tu vois l’espèce d’usine, là-bas ?
Elle me désigne un bâtiment en préfabriqué entouré de barbelés. C’est là-dedans que les gardes se rendent à la fin de leur journée. Parfois ils emmènent quelques uns d’entre nous. Elle continue :
– Il faut que tu t’y rendes. Nous savons qu’ils utilisent des gens comme nous pour faire marcher leur monde. Il y a une salle dédiée au bon fonctionnement de l’histoire. Si l’histoire sort de l’ordinaire, nous serons libres.
Elle finit à peine sa phrase qu’un serpent surgit d’un buisson et fonce sur ses jambes pour la mordre. Elle crie si fort qu’une partie du groupe se retourne vers elle. Un garde surgit et assomme le serpent d’un coup franc et sûr, de la crosse de son fusil. La marche reprend.
– Vas-y vite, dit-elle tout en tremblant, fonce !

Au moment de traverser la route qui mène à l’usine, je m’écarte un peu du groupe. Les gardes semblent être occupés à autre chose, car aucun ne me rappelle. Et contre le grillage qui borde la plaine, une trottinette électrique est posée. Je cours alors dans sa direction, la saisit et fonce tout droit, m’attendant à entendre siffler des balles. Mais rien. Je me retourne alors pour observer le groupe qui continue sa marche, tout en doublant l’usine : personne ne m’a remarqué. C’est alors que je me cogne violement et tombe à terre. Etrange, la route est déserte, il n’y a rien en face de moi. Je m’approche doucement, les mains en avant : un mur. Comme dans les jeux vidéo, un mur invisible borde les limites de cet univers.

Plus convaincu que jamais, demi-tour en vitesse et je file dans l’enclos de l’usine. Aucun garde pour m’arrêter, une chance. J’évite quelques troncs et poteaux gisant sur le sol, me risque même à sauter au-dessus de l’un d’eux, puis déboule dans le hall comme une fusée. Je stoppe net au bureau d’accueil.
– Bonjour, je suis le nouveau stagiaire à la régularisation de l’histoire.
– Entendu, répond la jeune femme en tailleur, vous prenez le couloir à gauche et ce sera un bureau sur votre droite, le quatrième il me semble.
Un merci sincère du petit nouveau, et je me rend dans ce couloir de préfabriqué. Immense couloir extrêmement étroit, avec une rangée de portes toutes à droite. Chacune a une plaque différente : Bureau du recensement, Bureau des médias, Bureau de la communication, Bureau de la contre-publicité, tiens, marrant celui-là, Bureau de la publicité… Je m’arrête, me dis que j’aurais pu y être installé. Je pousse la porte. Ce n’est pas un bureau, mais un couloir exigu au bout duquel une table et une chaise on été posés. L’homme me tourne le dos. Je m’approche.
– Bonjour, je suis un nouveau stagiaire et…
Stupéfaction. L’homme s’est retourné vers moi, souriant. Il était occupé à griffonner je ne sais quoi sur des feuilles de papier, éclairées par sa petite lampe de bureau. Il porte les mêmes vêtements que nous tous, et il me regarde, de son sourire interrogateur. C’est…
– Ca alors ! Vous êtes Philippe Catherine !
– Oui, bonjour. Mais comment connaissez-vous mon nom ?
Alors je saisis. Krusty nous a enfermés dans un monde imaginaire, irréel, dans lequel il a défini des règles et des limites. Chaque individu a perdu la place qu’il avait dans sa vie précédente, de sortes qu’un chanteur se retrouve au Bureau de la publicité. C’est absurde.
– Euh, il me semble vous avoir déjà vu auparavant, tout simplement. Dites-moi, vous savez chanter ?
– Eh bien je ne sais pas, je crois aimer cela mais je n’ai pas de chanson en tête.
C’est alors que se produit l’invraisemblable. Je propose à Katerine de lui chanter quelque chose qui lui plaira certainement. Et pour cause, je lui chante Louxor. Il reprend le refrain avec moi, bat du rythme pendant les couplets. Ses yeux s’illuminent comme s’il découvrait la perle qu’il recherche depuis longtemps. A la fin, il me remercie, puis je m’en vais, le coeur gros.

J’arrive au Bureau de la régularisation de l’histoire. Même schéma de couloir, seulement un mur est consacré à des commandes et boutons étranges. Une chaise-tabouret leur fait fasse, sur laquelle est assis un vieil homme. Je me présente, il semble enchanté, et croyant que je le relève, il s’apprête à s’en aller.
– Attendez, montrez-moi comment cela fonctionne !
Mon but est de réussir à modifier le programme de sorte que l’histoire se plante lamentablement, puisque c’est le seul moyen de nous sortir de là. Il commence alors à me parler de l’écran principal, une sorte d’oscilloscope affichant une courbe. La ligne centrale ne doit pas être franchie, sinon c’est l’incohérence de l’histoire. Mais elle peut etre corrigée par un pic soudain vers le haut. Un garde fait alors irruption, suivi d’un homme en blouse blanche.
– Dites moi Kowalski, le serpent tout à l’heure, vous trouvez ça malin ?
– Mais le garde est intervenu, monsieur.
– Heureusement pour vous, Kowalski.
– C’était prévu monsieur.
Il me dévisage, l’air de demander ce que je fais là.
– C’est le nouveau, monsieur, reprend Kowalski.
– Bien. Formez-le et déguerpissez.
Une fois seuls, Kowalski m’explique. Il avait voulu approcher la courbe de la limite pour rigoler un peu, afin d’entretenir le doute dans l’esprit des individus, mais il avait programmé l’arrivée du garde. Le serpent, c’était lui. Il continue en disant que cette jeune fille n’est pas ordinaire. En réalité, nous sommes tous connectés à son esprit, car c’est à partir d’elle qu’a été créé cet univers. En somme, si elle meurt ici, nous sortons tous.
– Mais ne dites pas que je vous l’ai dit, ajoute-t-il sombrement.
– Bien sûr…
Il s’en va. Seul devant la console, je commence à programmer le retour du serpent. Mais sans intervention de garde. Désolé jeune fille, mais c’est pour notre bien à tous. Et vous le savez.

Camionnette, snipers et fin du monde

A la suite d’une réunion de famille, je reprends le train à la gare de Bruxelles avec parents, frangins, cousins, oncles et tantes… Elle est circulaire et de l’extérieur pourrait ressembler à un stade. Nous sommes assis contre ses murs, dans une rue qui se termine en cul-de-sac contre la gare, en attendant notre train : l’intérieur est bondé et nous avons plus d’une heure d’avance. Je suis assis entre mon père et ma copine quand je vois passer à toute allure une camionnette noire et qui, dans un silence complet d’ébahissement général, vient s’écraser contre le mur de la gare. Stupéfaction dans la foule, aucune victime sauf les deux passagers qui ont littéralement explosé dans leur cabine. Je suis le premier à dégainer mon portable pour appeler les secours.
– Mince, c’est quoi le numéro en Belgique ?
– Tape le 112 me dit mon père.
Ce que je. Dès le déclic je résume deux phrases l’incident, mais une voix me répond en flamand.
– Non, je parle français. Ik sprecht ne neederlands ! Français !
Un autre déclic, puis une nouvelle voix. Pendant ce temps, je me suis écarté de la fourgonnette et je vois deux policiers au loin, les hèle, leur indique le l’endroit résume à la voix française la situation et précise que deux policiers sont sur place. Je raccroche et rentre dans la gare, quelque chose me turlupine.

Une fois dedans, une image de fourmilière me saute aux yeux. Quelque chose de pas normal dans cette camionnette. Pourquoi s’écraserait-elle à si vive allure contre un mur, si ce n’était pour… Je cours vers l’endroit de l’impact, mais à l’intérieur : une salle vide, et un mur épais comme une feuille de papier. Seulement des tas de caisses sont posées contre, et vu le peu de poussière, c’est tout frais. Une chance. Je retourne à l’extérieur, attrape la chemise de mon père :
– un attentat! C’était un attentat ! La camionnette est bourrée d’explosifs, mais les terroristes se sont tués avant de les activer. Ils voulaient exploser à l’intérieur de la gare !
J’attrape les deux policiers qui sont là, et leur répète la même chose. Terrorisés, ils se ruent sur leurs talkie walkie et appellent brigades, escouades, etc. Un périmètre de sécurité est organisé, mais nous restons dans cette ruelle : les secours y ont installé leur campement pour soigner les blessés légers, avant que l’on connaisse la véritable nature de l’accident. Nous sommes donc rassis quand tout d’un coup une douleur sourde me traverse la tête, je voix rouge, je m’effondre sur le sol.
– on nous tire dessus !
Mon père me regarde, il n’a rien vu, rien entendu.
– Couchez vous ! A terre !
Je fais signe à un cousin assis plus loin, je cherche des yeux le reste de ma famille.
Une autre balle est tirée et vient rebondir sur la camionnette. Cette fois tout le monde a entendu. Je regarde dans la direction opposée : au bout de la ruelle, un carrefour. Au centre du carrefour, un hôtel. Au deuxième étage, un sniper. C’est la bousculade pour sortir de cet endroit. J’attrape ma copine par le bras et nous courons vers le carrefour, étant donné que ce n’est que la seule sortie possible. Les flics sont dépassés. Au fur et à mesure que l’on s’approche de l’hôtel, je distingue de mieux en mieux le tireur : un homme très grand, cheveux longs blonds presque blancs, torse nu. Il saute du balcon, fusil à la main, et se dirige vers la ruelle. Il est suivi d’un autre gars, type asiatique, tout aussi grand. Ils marchent au travers de la foule sans se soucier d’elle. Plus loin, je vois un groupe de policiers et leur fait la description des deux individus. Ils foncent dans leur direction, arme au poing.

Pendant ce temps, c’est la fuite. La cohue. L’anarchie : je croise de plus en plus de types avec une arme à la main, qui commencent à s’en prendre à la population. Mais l’horreur se révèle quand je vois, au loin, une brigade de police abattre des individus désarmés, désorientés, perdus. Je décide subitement de ne plus courir sur la route, mais de passer derrière les maisons qui la bordent. Un regard vers ma copine suffit pour comprendre qu’elle aussi a saisi la situation. Nous arrivons à un immeuble en chantier, il n’y a pas d’autre moyen que de passer par la construction. C’est à ce moment que je sens qu’on est suivi. On monte au premier, en se cachant le plus possible dans les outils et matériaux abandonnés. Je vois alors un de ces grands types aux cheveux longs, en bas, cherchant quelque chose ou quelqu’un. Quand d’un coup il lève les yeux vers nous : c’est là que je vois ses pupilles, rouge sang, et le blanc de ses yeux devenu bleu. C’est là que je me souviens.

Flashback.
Quelques mois plus tôt, je suis à l’entrée d’un temple millénaire, découvert par mes soins, mais pour un but particulier : ma mission consistait à retrouver des pierres pour un richissime individu. Sur ses indications j’ai découvert l’endroit, mais pas l’utilité des pierres. On aurait dit de vulgaires cailloux sans forme, mais à l’intérieur brillait un éclat vert, parfois rouge, parfois bleu. C’est lors de leur livraison que j’en ai appris davantage : à cause d’une maladresse d’un garde de mon client, et par association avec ce que je savais du temple, j’ai pu en déduire que ces pierres étaient en fait de puissantes drogues utilisées par des sortes de chaman pour leurs transes. Ce que je ne savais pas c’est qu’elles modifient le métabolisme de l’individu et qu’elles plongent tous ceux qui y ont goûté dans un environnement communautaire et bestial fort, presque télépathique. Et ce, de manière permanente. De sorte que ce type pour qui je suis allé chercher ces pierres a pu infiltrer toutes les forces, toutes les administrations, tous les groupes armés en distribuant un peu de poudre de pierre à quelques individus choisis. Et voilà la révolution, à l’insu du peuple, lequel est peu à peu éliminé par cette nouvelle race dévastatrice.

Le soir est tombé, et je lis dans les yeux de cet être le sentiment de victoire. Et quand j’observe au loin tous ces brasiers, quand je comprends que je suis peut être le seul à connaître réellement la situation, je me demande sincèrement comment on va sortir de là.

Hôtel luxueux, vigiles et tour en car

Je passe mes vacances dans un hotel-club méditeranéen, assez luxueux, il doit y avoir 5 étoiles accrochées au portillon. Je me prélasse au bord de la piscine, allant parfois de ma suite à la plage. L’inconvénient de cet hôtel c’est qu’à cause de ses innombrables étoiles, il est hyper protégé. Du coup, des portillons à tous les couloirs valident le passage des hôtes, munis de cartes magnetiques. Quelques vigiles qui donnent dans le genre molosse en costard harpentent l’établissement, oreillette et lunettes noires greffés au crâne.

Les jours passent et je m’en accomode, tandis que je sympathise avec une jeune femme, en vacances dans le même hôtel. Si j’ai bien compris son histoire, elle a la garde d’un jeune enfant mais vit seule. Nous nous croisons de temps en temps, dînons parfois à la même table mais sans plus. Et puis un jour, alors que je viens de passer le portillon qui mèe à la piscine, je la vois qui s’y rend également. Elle s’avance vers le portique, le petit garçon dans les bras, et tente de faire passer sa carte. Depuis quelques jours, en effet, j’ai remarqué que son pass magnetique ne fonctionne plus très bien, et plus d’une fois j’ai dû la faire passer avec moi. Cette fois-ci, j’attrape ses affaires et elle décide de passer sous les barres métalliques. Un vigile qui nous observait au loin s’approche alors d’un pas décidé. Le petit écriteau à côté du portique indique ceci : « Toute infraction conduit à l’exclusion de l’établissement ». Non, ça ne peut pas se passer comme ça. Je lance au grand baraqué : « Hey, elle a son badge ! ». Mais il m’ignore superbement. « Hey, je vous parle ! Elle a son pass ! Elle est client ici ! Hey ! Vous pouvez pas la virer ! ». Mais il atteint bientôt la jeune femme, passant à dix centimètres de moi, toujours comme si je n’existais pas. La colère qui était montée en moi progressivement éclate alors subitement ; en un instant je serrer mon poing et je lui colle un pain dans la machoire inferieure, qui rend le mastard complètement K-O. Absolument surpris de ce que je viens de faire, je n’entends pas tout de suite les bruits de pas dans le couloir : un groupe de vigiles armés de fusils à pompe débarque dans le couloir et nous met en joue. Ni une ni deux j’attrappe la jeune femme, le gamin, et le fusil du gars à terre et l’on s’enfuit dans un immeuble connexe. Une sorte de vieil immeuble miteux, tout en hauteur, où chaque étage n’est composé que de deux pièces. Arrivé au sixième, je tire deux coups en direction des étages inférieur à travers la cage d’escaliers. Une vigile asiatique au regard noir tente de riposter, sans succès. Nous ne pouvons pas continuer à monter ainsi, si l’on monte sur le toit ils nous aurons avec un hélico. Que faire alors ? A l’étage suivant, une ouverture dans un mur pourri nous permet de passer à l’immeuble d’à côté, sensiblement identique. On redescend les étages quatre à quatre, jusqu’au premier. Par la fenetre, je vois un autocar en stationnement le long de l’immeuble. En un saut nous sommes sur son toit, et en quelques instants dans la cabine. Le temps de virer le chauffeur assoupi et de faire un demi tour en trombe (et au frein à main), et nous dégerpissons dans vers l’exterieur de la ville. Pendant la manoeuvre, j’ai salement amoché une voiture de flics qui s’était arrêtée au carrefour, et je décidai de griller le feu sans scrupules. Plus loin, je ralentis l’allure pour intégrer une circulation plus fluide, sans attirer l’attention. Après une dizaine de minutes, nous rejoignons une route nationale qui s’enfonce dans la campagne, passant par de petits bois, loin de cet hôtel absurde et de ses vigiles flingueurs.