La Terre, petite ou grande ?

C’est la nuit; tout le monde est parti se coucher, dans cette belle grande villa dans le sud de la France. Mais je ne parviens pas à m’endormir. La lune est claire, je regarde par la fenêtre… Quand se produit un phénomène bien étrange : un être géant regarde la Terre. Il est si grand qu’il peut l’attraper dans sa main. Il pose un doigt pas loin de la maison, tout le monde est réveillé. Etrangement, au fur et à mesure que nous nous approchons de sa main, nous grandissons à notre tour. Nous grimpons sur son bras et arrivons sur sa planète, finalement nous mesurons sa taille. Une sensation indescriptible me saisit : une notion incroyable de grand – petit, c’est assez renversant.

On découvre donc ce nouvel univers. En quelques instants nous comprenons beaucoup de choses : la Terre est pour eux comme une fourmilière pour nous ; leur peuple est bien plus anciens que la Terre et ils vivent dans un temps qui nous paraît reculé : pas de technologie, mais une fusion totale avec les arbres et la pierre. Bref, autour d’un repas dans ce qui ressemble à un château, nous échangeons. Il est bientôt temps de rentrer. Nous faisons le chemin inverse, toujours en pyjama… et rapetissons au fur et à mesure que nous progressons. Jusqu’à reprendre notre taille humaine.

Morsure de zombie

Apocalypse. La Terre est dévastée par un virus qui touche la race humaine comme une trainée de poudre. Ca fait des heures que je cours au milieu de la nuit, me cachant parfois derrière un mur, un buisson, une porte cochère… Ils sont partout. Ils sont rapides. Nous sommes peu.

Les zombies ont besoin de chair fraîche. Et pourtant, une bouchée leur suffit. Une fois mordu, le pauvre survivant devient l’un des leurs, avec une oreille en moins, ou un trou au bide. Ils se regroupent autour de feux de poubelles pour se réchauffer. Et moi je la cherche. Je sais qu’elle est encore en vie. Je dois la retrouver. J’arrive à un carrefour. Au coin, un terrain vague qui servait de terrain de basket accueille une quainzaine d’entre eux. Ils ne m’ont pas vu. Je recule et me blottis contre le mur. Quand soudain je heurte quelque chose, ou plutôt quelqu’un : un petit groupe de 3 survivants se terre là. Ils sont apeurés. Je reconnais l’un d’eux : mon boss. Je leur propose de me suivre, je sais qu’il y a plus loin une grosse bâtisse capable de nous abriter. Ils acceptent. Voilà le plan : il va falloir courir vite, très vite, on ne peut que passer devant eux. Ne pas se retourner.

Nous nous élançons dans le froid. Le sans monte rapidement au tempes. J’ai pris la tête et nous amorçons notre virage dans le carrefour. Les zombies lèvent la tête, nous voient, nous suivent. Je vais tellement tellement vite que mon virage est trop large, je heurte un grillage en U. Pas le temps de faire demi tour pour le contourner, je grimpe sur une poubelle et l’enjambe. Mes compagnons sont moins chanceux. Ils n’arrivent pas à sauter de la poubelle au haut du grillage. La vingtaine de zombie les a rejoint. Ils se ruhent dessus. Dans des cris horribles, je constate leur transformation, quelques morceaux de chair en moins. Je repars aussi vite que je peux.

Après de longue minute, à bout de souffle, je m’arrête en haut d’une rue déserte. Et je la vois, la fameuse bâtisse. Je ne sais pas comment je la connais, mais j’entre. Personne au rez-de-chaussée. Personne au premier. Reste l’étage. On dirait qu’il est barricadé. Il fait noir, et pourtant je perçois deux corps : deux rescapées tentent de se faire oublier, pensant que je suis un zombie. Rapidement, je les rassure tandis que nous cloisonnons l’étage. Je m’écroule ensuite de fatigue.

Au petit matin, je constate que ma course folle m’a entraîné de Paris à Lille (en une nuit!). Pas plus étonné que ça, je regarde par la fenêtre. Des groupes de zombies errent partout. Et des enfants. Plein d’enfants qui se rendent à l’école. Etrangement, ils sont insensibles au virus. J’apprends alors par l’une des deux femmes que le gouvernement a décidé de les renvoyer à l’école, puisqu’ils ne craignent rien. Elle n’est pas loin, me dis-je. De là, je me vois à la fenêtre, la vision s’élargit sur le quartier, et en contre-bas se trouve une école. La caméra plonge vers la cour, et je la vois : une petite fille, 4 ans, emmmitouflée dans son manteau d’hiver, avec son bonnet qui recouvre ses couettes… Elle est triste et se demande où sont ses parents. Et moi je la cherche désespérement.

Téléfilm, marginal et bout de la ville

J’habite avec ma copine un appartement dans une grande ville sombre mais propre. Classieux. Il est 19h, et j’ai rendez-vous avec un ami dans un restau-bar, quelques rues plus loin, pour discuter de la refonte du design d’un vieux site dont nous sommes parmi les plus anciens membres. « Je sors », dis-je simplement sur le palier, avant de m’enfuir dans la pénombre des rues désertes. Pas un papier par-terre, pas une poubelle qui déborde, pas un chat non plus.

J’arrive dans ce restau qui fait l’angle, seul point de lumière du quartier. On y diffuse un téléfilm, le même que j’avais en bruit de fond avant de sortir. Je le suis d’un oeil, en attendant mon rendez-vous qui n’arrivera jamais.

Au bout d’une demi heure et d’un demi, m’appercevant que je n’ai ni portable ni monnaie pour téléphoner, je me traite d’andouille et m’inquiète pour celle qui commence à se demander où je suis parti. Je décide alors de rentrer, quand sur le chemin je croise un homme un poil émeché. Pas un clochard, juste un marginal au sourire sympathique qui ne demande rien. Il m’accompagne un bout de chemin, dans la nuit s’installant, parlant d’abord tout seul, puis discutant avec moi. Il est en fait un voyageur, qui va de pays en pays, et assure n’avoir jamais visité de ville comme celle-ci, où il fait froid et noir. Je lui prête ma veste tandis que nous marchons, toujours tout droit. Je me suis perdu. Impossible de reconnaître l’endroit. Voyant mon désarroi, il se montre un peu désolé. Puis nous voyons une lumière briller au loin. Nous marchons longtemps dans sa direction jusqu’à découvrir le bout de la ville et son phare. Une large jetée, parsemée de morceaux de béton et d’étendues de boue. Quelques rocades passent au-dessus de ces plages de terrain vagues. Je suis déjà venu ici, oui, je m’en rappelle à présent. Mais en voiture, et le chemin était particulièrement long ! Aurais-je marché si longtemps ? Et comment rentrer chez soi à pieds, je ne vais quand meme pas longer l’autoroute qui traverse en hauteur cette ville sans fin ?

Tandis que nous allons nous asseoir au pied du phare, j’observe un entrepreneur immobilier, clinquant et dodu, vendre les mérites de ce terrain pourri à un jeune couple désireux de s’installer. La crise du logement n’épargne personne. Le ventreux commercial annonce des superbes villas surplombant une plage de sable fin. Difficile à imaginer en l’état, tout n’est que bitume, terre sale et fils de fer rouillés. Et puis la rocade passe juste au-dessus.

Mon compagnon de route suggère d' »emprunter » la voiture du gros homme. Bonne idée, après tout. Et nous voilà filer sur la rocade, nous faisant avaler par la ville sombre que j’étais empressé de regagner.